Jean-Louis Barailler : « Je n’avais que 31 ans mais il faut savoir s’arrêter »

De 1972 à 1974, Barailler fut l'un des rois du Groupe 1 sur l'Ascona d'Opel-Marseille (ici à la Ronde Cévenole 1973). (Photo Jeff Lehalle/Archives Echappement)

De 1972 à 1974, Barailler fut l’un des rois du Groupe 1 sur l’Ascona d’Opel-Marseille (ici à la Ronde Cévenole 1973). (Photo Jeff Lehalle/Archives Echappement)

Courant tour à tour sur Triumph, Alfa Romeo et Opel, Jean-Louis Barailler a fait partie pendant une douzaine de saisons de l’élite des rallymen français. Amateur disposant de voitures d’usine, il a toujours conservé sa liberté. Y compris celle de tout arrêter, au beau milieu d’un rallye décisif.

Propos recueillis par François Hurel

Il s’en est fallu de peu que le pilote niçois s’en aille par la grande porte, sur un titre de champion de France. Tout au long de cette saison 1974, il avait bataillé en Groupe 1 avec les Alfa Romeo GTV de Francis Vincent et Bernard Béguin : « Le championnat se jouait au Critérium des Cévennes et j’estimais que mon Opel Commodore était mal préparée. J’ai eu le malheur de m’en ouvrir à Guy Vimont pendant le rallye. Nous nous sommes disputés et j’ai tout arrêté après avoir déchiré ma licence. » Un coup de sang d’autant plus étonnant de la part d’un pilote qui courait avant tout pour le plaisir : « Certes, j’aurais pu continuer, car je n’avais que 31 ans, mais il faut savoir s’arrêter. Je me suis marié et je suis devenu père de famille. J’avais quand même couru pendant 12 ans et il était temps que je m’occupe de l’entreprise familiale. »

Car chez les Barailler, l’automobile est une passion de longue date, le garage familial ayant été fondé en 1895 par le grand-père de Jean-Louis. « Je suis comme Obélix, s’amuse Jean-Louis. Je suis tombé dans la potion magique quand j’étais petit. Mon père était très ami avec « Pagnibon », qui courait sur Ferrari. Je me souviens avoir fait le trajet Nice-Modène dans sa 250 Mondial et nous avons même déjeuné avec Enzo Ferrari. Il s’est malheureusement tué aux 12 Heures de Hyères, au volant d’un spider Ferrari. J’ai ensuite été apprenti au garage et j’ai passé mon permis à 18 ans. Mais à l’époque, il fallait un an de permis avant d’obtenir une licence. Alors que mon frère aîné Jean-Pierre disputait déjà des rallyes avec « Finkel », j’ai dû attendre 1962 pour courir. Mon père étant devenu concessionnaire Triumph, j’ai disputé le Rallye du Var sur la TR3 d’un client et nous avons terminé 3e. »

« Triumphalement » vôtre

Cette expérience réussie reste toutefois sans lendemain pour cause de service militaire. Après 18 mois passés en Allemagne, Jean-Louis reprend le volant en 1964 : « Ayant des facilités chez Triumph, j’ai pu courir sur une Spitfire « phase 2 », qui disposait d’un kit usine comprenant notamment deux carburateurs Weber. J’ai donc disputé deux ou trois rallyes sur ma Spitfire personnelle, puis l’importateur Paris-Monceau a eu besoin d’un pilote pour remplacer Jean-François Piot, qui partait chez Alpine. C’est ainsi qu’on m’a confié une voiture d’usine à la course de côte de Limonest-Mont Verdun. » Nous sommes en 1965 et quelques semaines plus tard, Jean-Louis remporte le Rallye du Pétrole, d’une façon assez rocambolesque : « J’ai cassé un arbre de roue à 40 km de l’arrivée et un ami qui me faisait l’assistance m’a poussé jusqu’au parc. A l’époque, les organisateurs cherchaient surtout à ce que les rallyes soient sympathiques, il y avait plus de liberté. »

En 1966, Jean-Louis s’impose au Rallye de Cannes et achève la saison sur une des Spitfire d’usine ex-Le Mans : « Cette version était extraordinairement différente. C’était une véritable « silhouette » et tout était allégé. J’ai disputé deux ou trois rallyes avec, dont les Cévennes. » En 1967, c’est avec une GT6 Groupe 3 préparée au garage familial qu’il s’illustre, remportant le Rallye d’Antibes. Il entame la saison 1968 au volant d’une TR5 de l’importateur. Après un Monte-Carlo marqué par de nombreux ennuis et un abandon, il remporte avec cette voiture le Groupe 3 au Rallye Mistral. C’est alors que Jean-Louis va bénéficier d’un coup de pouce décisif de son frère Jean-Pierre : « Suite à ses performances avec les voitures de « Finkel », Jean Rolland avait parlé de mon frère à François Landon, qui lui avait confié une Alfa Romeo GTA. Mon frère était un très bon pilote, mais ça ne l’intéressait qu’à moitié. Il m’a pris comme coéquipier et me laissait conduire. On s’entendait bien et notre petit stratagème a commencé au Critérium Alpin, où nous avons terminé 2e. A la Coupe des Alpes, mon frère a prétexté que sa femme était malade pour ne pas venir à Marseille, où était donné le départ. J’étais là avec mon coéquipier et j’ai proposé à François Landon de piloter à sa place. Il n’était pas dupe, mais il a accepté et nous avons là encore terminé 2e, derrière l’Alpine de Jean Vinatier, et vainqueurs du Groupe 2 et 5. »

C’est de cette façon peu banale que Jean-Louis se retrouve pilote Alfa-Romeo, mais il ne délaisse pas tout à fait Triumph. Au Monte-Carlo 1969, il cause la sensation au volant d’une berline 2500 PI : « Nous avons terminé 8e au général et 2e en Tourisme derrière la R8 Gordini de Jean-Luc Thérier, qui bénéficiait de l’assistance d’usine. C’était plus difficile pour nous, qui n’avions que les amis de notre club. Il y avait un secteur routier que je connaissais bien, où j’ai été le seul à passer dans les temps avec Waldegard, ce qui m’a bien aidé à remonter. Ensuite, j’ai disputé avec cette 2500 PI le Rallye Mistral, qui avait lieu entièrement sur la terre, une première en France. Triumph m’a ensuite confié une GT6 allégée, avec laquelle j’ai gagné le Rallye d’Antibes pour la 2e fois. » (…)

Retrouvez l’intégralité du sujet dans Echappement Classic n°80 (août 2017) en vente en kiosque ou en ligne sur hommell-magazines.com

Les commentaires sont fermés.