Le 23 août 1987, Didier Pironi trouvait la mort aux commandes de son Colibri, au large de l’île de Wight. Contrat en poche, il s’apprêtait à effectuer son retour en F1 chez Larrousse-Calmels, pour reprendre le cours d’une trajectoire brisée cinq ans plus tôt à Hockenheim.
Texte François François Hurel – Photo DPPI
Pilote au gros cœur, travailleur acharné, animal politique, timide mais séducteur, soucieux de la sécurité mais capable d’oublier toute raison face au risque, Didier Pironi reste, trente ans après sa disparition, une énigme et un paradoxe. Car derrière son visage poupin et sa voie douce se cachait une détermination sans faille et une soif de vivre sans limites. Sans doute faut-il chercher dans ses racines familiales les causes de cette personnalité complexe. D’origine italienne, ses parents se sont fait une belle situation en France grâce à leur entreprise de travaux publics. Au début de sa carrière, Didier se présente comme le cousin de José Dolhem. Ils sont en fait issus du même père, les mères de José et Didier étant sœurs. De huit ans son aîné, José apparaît comme un héros au yeux du jeune Didier, auquel il apprend à conduire dès l’âge de huit ans. Lorsque José participe, en 1964, à l’opération Ford Jeunesse, son élève découvre le sport automobile. Didier observe et prend note des difficultés rencontrées par son demi-frère. C’est avec un réalisme froid qu’il tracera sa voie dans le sport automobile.
Sous pression chez Elf
Il entame des études d’ingénieur en Travaux Publics avant de s’inscrire à l’école de pilotage du Paul Ricard, en 1972. Entre deux stages, il dispute le Grand National sur une Ford Capri 2600 RS, en compagnie de Jacques Hoden, l’équipage se classant 72e. Dans la foulée, Didier est sacré Pilote Elf, mais son début de saison 1973 est difficile au sein de l’équipe de Roland Trollé. De moteurs cassés en accrochages, le budget s’épuise vite et aux deux-tiers de la saison, Elf décide de tout miser sur Pironi. Enfin bien servi en matériel, celui-ci enchaîne trois podiums lors des quatre dernières courses, terminant 6e du championnat. Ne faisant confiance qu’à lui-même, il obtient l’accord de son sponsor pour monter sa propre équipe. Louant une maison à Magny-Cours, il recrute trois mécaniciens et passe un accord avec Arthur Bozian pour les moteurs. Cartésien, Pironi ne laisse rien au hasard et avant que la saison ne débute, il a déjà limé le bitume de tous les circuits permanents. Vainqueur des deux premières courses, il s’impose comme l’homme à battre. Emmenée par Dany Snobeck, Marc Sourd et Alain Couderc, la concurrence est rude mais Didier remplit son contrat, étant sacré avec 7 victoires en 20 courses.
La saison 1975 voit la naissance de la Formule Renault Europe, à laquelle les dix premiers du Challenge Européen de Formule Renault sont tenus de participer. A cela s’ajoutent quelques pointures à la recherche d’un second souffle dont René Arnoux, repêché par Elf. Cette fois encore, Pironi met le paquet : il recrute Daniel Champion (ex-Colin Montrouge) pour s’occuper de ses deux monoplaces. Mais les résultats ne sont pas à la hauteur et lorsque Bozian récupère Arnoux en cours de saison, Didier se sent trahi. Ses trois victoires, dont une à Monaco, ne sont qu’une maigre consolation face à l’obligation de redoubler imposée par Elf, tandis qu’Arnoux rejoint Tambay en F2. En fin de saison, il s’offre une récréation en rallye, disputant sans succès le Tour de Corse au volant d’une R12 Gordini.
Une réputation à construire
En 1976, Didier se concentre sur une seule monoplace et renouvelle son équipe de mécaniciens. Les moteurs sont préparés par « Nanar » Mangé qui s’implique totalement, à l’atelier comme sur les circuits. Pironi-Champion-Mangé : une véritable osmose s’est créée entre ces trois hommes et Didier détruit l’opposition. Avec 12 victoires en 17 courses, il remporte haut la main le championnat devant Cudini et Snobeck. Il peut donc rejoindre Arnoux en F2 chez Martini-Renault-Oreca. (…)
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