Gagner deux années de suite à Monaco en devançant successivement Patrick Tambay et Didier Pironi n’est pas donné à tout le monde. Alain Couderc a réalisé cet exploit alors que la Formule Renault était à son apogée. Si le Bordelais n’a pas connu la même ivresse des sommets que ses rivaux, il n’en conserve aucune amertume.
Propos recueillis par François Hurel
Le Mans, un dimanche de juin 1984 : en descendant de sa WM stoppée par un bris de boîte, Alain Couderc sait déjà qu’il ne remontera plus dans une voiture de course. Il a compris qu’il était temps de se faire une situation et pendant plus de vingt ans, il va couper tous les ponts. Il ne retrouvera ses vieux amis qu’à l’initiative de Max Mamers, dans le cadre des Classic Days. Aujourd’hui, cet amateur de rock « classique » (de Gene Vincent à Bruce Springsteen en passant par Neil Young) préfère assister à des concerts qu’à des courses automobiles, mais depuis son repaire au milieu des vignes, non loin du château de Margaux, il porte un regard apaisé sur sa carrière de pilote et rembobine avec nous le fil du temps : « Mon père tenait un petit garage de carrosserie et j’ai commencé à m’intéresser à la course vers 14-15 ans. En faisant un peu de kart de location, je me suis aperçu que je n’étais pas trop mauvais et, au retour de l’armée, j’ai participé aux stages de l’école de Nogaro, sur une MEP. » Il n’y a pas encore de « Volant » en jeu et Alain débute donc par ses propres moyens en 1969, au volant d’une NSU 1000 TTS confrontée en Groupes 2 & 5 à des voitures bien plus puissantes : « J’ai disputé quelques courses en circuit et j’ai souvent gagné ma catégorie, mais j’estimais qu’il valait mieux courir dans une formule monotype. J’ai opté pour le championnat de Formule Bleue, que j’ai remporté en 1970. J’ai également disputé des courses de côte pour marquer des points, mais je n’aimais pas du tout ça. Rouler entre des arbres et des poteaux, ce n’était pas mon truc. »
Ce titre permet à notre aide-comptable d’accéder à la Formule Renault, mais pas dans des conditions idéales : « Total supportait la Formule Bleue et était lié à Henri Julien. On m’a donc donné une AGS, mais je devais me débrouiller par moi-même et c’était difficile. J’ai également disputé quelques courses avec une Hampe, mais AGS comme Hampe n’en étaient qu’à leurs débuts de constructeur. La Tecno que je pilotais en 1972 était bien meilleure et j’étais davantage aidé par des copains de Bordeaux. Quand je n’avais pas de problèmes mécaniques, ça allait et j’ai réalisé quelques performances qui m’ont fait remarquer. » Notamment à Hockenheim, où il mène la course avant d’exploser son carter sur une bordure, et au Paul Ricard où il… vole le départ depuis la dernière ligne : « Le directeur de course a commencé à baisser son drapeau puis l’a relevé. Moi, j’étais déjà parti et quand il a baissé son drapeau, j’étais déjà au niveau de la 2e ligne (rires). Je crois que ça s’est terminé par une sortie de route dans les grillages de Signes. »
Victoires à Monaco
Ce tempérament fait qu’Alain est approché en fin de saison par Jacques Laffite et Jean-Pierre Paoli, afin d’intégrer le BP Racing. Consacrant désormais tout son temps à la course, il va atteindre une nouvelle dimension lors d’une saison 1973 qui a marqué l’histoire : « Je me suis retrouvé dans l’équipe officielle BP, avec Claude Michy et Jacques Coche. On vivait tous en famille à Magny-Cours et c’était super ! J’avais une Martini, un bon préparateur (Bozian, Ndlr), des mécaniciens compétents et je pouvais enfin gagner des courses. C’était une bouffée d’oxygène. » S’affirmant d’emblée comme le leader du BP Racing, Alain entame une bataille dantesque avec deux autres grosses pointures : le redoublant Patrick Tambay (Alpine Elf) et le Volant Shell René Arnoux, sur Martini également. Sur 20 courses disputées cette année-là, ce trio infernal ne concédera qu’une victoire (Pau) à Maxime Bochet. Deuxième de la course d’ouverture au Paul Ricard derrière Tambay, Couderc prend sa revanche à Dijon puis confirme à Nogaro, s’emparant de la tête du championnat avant de s’incliner à Magny-Cours face à un René Arnoux de plus en plus à l’aise. Sixième à Pau, 3e à Snetterton, Alain enchaîne sur deux autres succès sur des circuits qu’il n’apprécie pourtant pas, La Châtre et Monaco : « Je préférais les grandes courbes aux virages serrés. J’adorais Rouen, bien qu’ayant été très marqué par l’accident de Denis Dayan, que je connaissais. J’ai quand même gagné sur des circuits sinueux. A Monaco, il y a eu une grosse polémique. Je partais en 2e ligne derrière Tambay et Arnoux et Jean-Pierre Paoli m’avait dit : »Si tu les doubles tous les deux avant Sainte-Dévote, tu n’as plus qu’à les bloquer pendant 30 tours ». J’ai eu le bol de mieux partir et c’est exactement comme ça que les choses se sont passées. C’est vrai que je fermais les portes. Je crois même avoir reçu un avertissement pendant la course, mais j’ai quand même gagné. » (…)
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