Lola est une marque bien connue des amateurs de course automobile. Dans la longue épopée des protos 2 litres, j’ai pu essayer l’une des deux Lola T292/6 Pronuptia des 24 Heures du Mans 1978, encore parée de sa robe de mariée originelle.
Texte Lionel Robert – Photos Christian Bedeï
Les années 70 ont offert aux passionnés de l’époque de superbes plateaux de Sport-Protos 2 litres avec un championnat d’Europe âprement disputé. La voiture que nous propose d’essayer le sympathique « John Doe » (son nom de scène… automobile) est une Lola T292 née en 1973. Commandée directement au fabricant par le team Archambeaud qui voulait disposer de l’arme quasi absolue dans le championnat, elle fut, à l’origine, équipée d’un moteur BMW 2 litres préparé en Allemagne par Schnitzer. Des trois voitures acquises cette année-là par Paul-Henry Archambeaud, celle qui nous intéresse plus particulièrement est le châssis HU42 qui fut celui de Gérard Larrousse, fer de lance du team Archambeaud en 1973. Alternant les manches du championnat d’Europe avec le championnat de France des circuits, Larrousse réussit quelques jolies perfs, dont une victoire européenne aux 400 km de Barcelone, mais est très régulièrement handicapé par des soucis moteur. Ce manque de fiabilité sera même la raison principale de la revente des Lola T292 (pourtant championnes d’Europe en titre) par le team Archambeaud en fin de saison. Ce qui pourrait s’appeler « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
Le châssis HU42, celui de notre essai, va donc être cédé au pilote espagnol José Uriarte qui remplace la motorisation BMW par un Ford FVC préparé par Robert Smith et décore l’auto d’une nouvelle livrée. En 1974, bien qu’il soit un temps question de participation aux 24 Heures du Mans, la Lola n’apparaît que très peu en piste et sans résultat significatif pour son pilote. En 1975, le championnat d’Europe des moins de 2 litres vit ses derniers instants et José Uriarte choisit de participer au championnat du monde d’Endurance, sans davantage de succès toutefois puisque sa saison se termine sur l’accident de son équipier Richard Scott aux 1000 km de Brands Hatch. Fin 75, cette voiture est achetée par Martial Legou qui la restaure dans la configuration et les couleurs initiales du team Archambeaud. Legou fait quelques apparitions dans des courses secondaires, dont un succès à Magny-Cours au mois de mai, avant de revendre la voiture à Michel Elkoubi au début de l’année 1977. Elkoubi rêve d’une participation aux 24 Heures du Mans mais ne dispose pas du budget nécessaire à l’achat d’une voiture neuve. Il va donc se mettre en contact avec l’usine Lola qui propose des kits d’adaptation des vieux châssis T292 aux spécifications des plus récentes T296. Cet « upgrade », qui dote notamment la voiture d’une carrosserie beaucoup plus efficace sur le plan aérodynamique, permet ainsi d’apporter une nouvelle dénomination T292/6 à ce châssis né en 1973 (la voiture apparaît même aux 24 Heures du Mans 1978 sous l’appellation T296, référence choisie par Elkoubi sur son bulletin d’engagement).
Grâce à des sponsors solides comme Pronuptia ou Le Parisien, l’engagement voulu par Michel Elkoubi a fière allure avec deux Lola impeccablement décorées. Le châssis HU42 est le proto le plus léger des 15 voitures engagées dans la classe 2 litres avec un poids de 607 kg. Affublé du dossard n°24, cette voiture sera pilotée par Pierre Yver, Michel Elkoubi et le jeune Philippe Streiff qui atteindra plus tard la Formule 1 avant d’être victime d’un grave accident qui le laissera paralysé. En course, les deux Lola du team Pronuptia rallieront l’arrivée mais trop loin des premiers pour espérer figurer au classement. Peu après cette aventure mancelle, Elkoubi vendra HU42 à Jean-Pierre Schlosser qui offrira à la Lola T292/6 de nouveaux lauriers en courses de côte. Après plusieurs propriétaires et d’autres courses en côte ou sur circuit, la Lola devient la propriété de « John Doe » qui décide en 2014 de l’engager au Mans Classic, parée de ses couleurs de 1978. Une voiture avec laquelle j’ai rendez-vous en ce début avril sur le circuit Paul Ricard.
A peine arrivé dans le paddock du Castellet et pas encore descendu de ma voiture de route, j’aperçois la belle Lola qui semble attendre son pilote-essayeur du jour. J’ai beau connaître cette voiture, l’avoir croisée à de nombreuses reprises sur les plateaux de courses historiques, je la trouve toujours aussi belle. Sa ligne aérodynamique est particulièrement bien proportionnée. Le capot avant en pointe semble répondre à l’interminable capot arrière parfaitement profilé pour les hautes vitesses. (…)
Retrouvez l’intégralité de l’essai dans Echappement Classic n°78 (juin 2017) en vente en kiosque ou en ligne sur hommell-magazines.com