La Formula Vee (prononcez « Vie », celle-ci sera baptisée plus tard Formule Vé en France) est née au début des années 60 de la volonté d’un constructeur artisanal américain, Formcar, qui comprit l’intérêt d’emprunter des pièces de grande série pour assembler une vraie voiture de course. Nous avons essayé la Formcar de 1963, l’une des toutes premières versions.
Texte Lionel Robert – Photos Christian Chiquello
Basé à Orlando, en Floride, Formcar est le premier constructeur de Formula Vee de l’histoire. Dès 1962, 15 voitures furent assemblées puis commercialisées. L’année suivante, la montée en puissance est spectaculaire avec la création d’un mini réseau de distributeurs et 190 voitures assemblées dans les deux unités de production en Floride et au Colorado. En 1964 apparaît la Formcar Model II , très proche de sa devancière ; elle sera produite à 75 exemplaires. L’arrivée du Model III , en 1965, introduit des changements notables : nouveau châssis, nouvelle carrosserie avec un nez en une seule partie. Pourtant, la production s’essouffle et seulement 40 modèles sortent de l’atelier de Floride. De 1962 à 1965, la petite entreprise Formcar aura donc produit un peu plus de 300 exemplaires de cette première mouture de la Formula Vee, avant de jeter l’éponge face à l’arrivée de nouveaux constructeurs dont la vision de la Formula Vee semblait très différente de celle de Smith et Duckworth, les fondateurs de Formcar.
Le châssis n°63-72, essayé aujourd’hui, aurait connu un parcours assez mouvementé puisque destiné à Huschke von Hanstein (directeur sportif de Porsche) qui, dès 1963, décide de l’importer en Allemagne pour le faire piloter par les pilotes de la marque (ce châssis aurait servi de mulet avant que cinq autres modèles 64 et 65 ne soient livrés à Porsche Stuttgart). En seconde main, John Booth (aujourd’hui patron de Marussia F1 team), rachète la voiture à Porsche North America dès la fin des années 60, avant de la céder, longtemps après, à Bill Noble, un homme très impliqué dans la Formula Vee aux USA . Au décès de ce dernier, son épouse accepte de vendre la voiture à un marchand qui la cède, en 2013, à Renaud Lechalier, l’actuel propriétaire.
Une monoplace rare
D’apparence anodine, la Formcar est certainement plus difficile à trouver sur notre territoire qu’une MEP de Formule Bleue. En juillet dernier au Mans, le 3e Festival VW a pour la première fois réuni un plateau de 30 Formule Vé de 1963 à la fin des années 70 grâce à l’appui du HFVE (club Formule Vé européen) qui, à lui seul, a apporté 15 voitures. La voiture de Renaud est dans son jus, c’est-à-dire que son propriétaire n’a volontairement pas modifié l’aspect de la monoplace lorsqu’elle est arrivée des USA en 2013. C’est un parti totalement assumé par Renaud qui craint qu’une rénovation à l’état concours ne fasse disparaître ce supplément d’âme que seuls les objets patinés par le temps peuvent exprimer. D’ailleurs, faisons ici une jolie parenthèse pour saluer l’effort de présentation que le propriétaire nous a offert : la Formcar a été amenée sur le circuit à l’aide d’un original VW pickup benne large, le même qu’utilisait le service course Porsche dans les années 60. Vous imaginez bien que malgré les imperfections de la carrosserie, un simple voile de peinture sur le pickup est déjà chose impensable pour ce puriste de l’état d’origine.
Revenons à la Formcar MKI pour une présentation détaillée. Le châssis tubulaire reprend le train avant Puma de la VW coccinelle avec ressorts à lames et amortisseurs à gaz. Les freins avant et arrière à tambours sont aussi ceux de la « Cox » tout comme la direction. Les dimensions sont modestes : moins de 3 mètres de long, 1,50 mètres de large et un poids de 355 kg pour une puissance d’environ 60 ch (40 ch à l’époque) délivrée par le 4 cylindres de 1 200 cm3. La transmission se fait sur les roues arrière par l’intermédiaire d’une boîte à 4 rapports. La carrosserie est en fibre de verre avec une peinture blanche à bande rouge identique à celle du spyder 550 Replica de Renaud (voir encadré). Cette voiture n’a donc jamais été restaurée à l’exception du minuscule réservoir d’essence de 15 litres qui n’est pas d’origine (l’original est en cours de restauration). Le pédalier Neal est d’origine, les manos SW (Stewart Warner) aussi. Le volant Grant d’origine a été remplacé par un modèle Nardi et le harnais Deist, depuis longtemps non-homologué, a été remplacé par un Simpson 5 points qui, lors de l’essai, me serrait un peu trop l’entrejambes. Dernière modification notable, le pot d’échappement en 4 tubes verticaux a été remplacé aux USA par un 4-en-1.
Au volant
L’avantage avec les monoplaces de cette époque, c’est que l’installation au volant est aisée en raison de la place disponible. Le poste de pilotage est rustique : la forme du siège évoque les années 50, c’est-à-dire que le pilote est assis verticalement derrière un volant au diamètre imposant.[...]
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