Patrick Gaillard : l’anticonformiste

GP-Pau-1980-gaillardEn Angleterre, on l’appelait « Superfrog » avec un mélange d’affection et d’admiration. En France, il était le vilain petit canard qui avait quitté la couvée, mais auss i un héros pour les lecteurs d’Auto Hebdo (dont l’auteur de ces lignes ). La carrière de Patrick Gaillard fut atypique, brillante et hélas trop brève.
Propos recueillis par François Hurel – Photo Jean-Luc Taillade/Archives Echappement

Echappement Classic : Quand la F3 vous a révélé, vous sembliez sortir de nulle part. Quels ont été vos premiers contacts avec la course ?
Patrick Gaillard : Mon père était garagiste et j’ai commencé par la moto à l’âge de 14 ans. C’était assez facile à l’époque et j’ai disputé quelques courses de Championnat de France au guidon d’une Honda 305 cm3. Mes parents ont alors considéré que ce n’était pas plus mal d’arrêter la moto et, au retour de l’armée, j’ai disputé le Volant Winfield à Magny-Cours, dont j’ai été demi-finaliste. C’était l’année du passage de Shell à Elf. Je n’ai jamais fait de kart car, à l’époque, ce sport n’était pas aussi évolué et réputé qu’il l’est devenu. On ne pensait pas qu’il pouvait mener vers le sport automobile.

Pourquoi avoir débuté directement par la Formule Renault Europe, en 1975 ?
Par opportunité. J’ai rencontré une personne d’Auxerre qui avait décidé d’importer les March en France (Jacques Brussel, le patron de Danielson, société alors basée à Auxerre, Ndlr) et j’ai réuni un peu d’argent. Alain Cudini était le pilote vedette de l’équipe et je me disais qu’avec ses conseils, ça pourrait aller. En fait, ce fut très dur. Il est certain que les choses auraient été plus simples en FR nationale, mais au final, ce n’était pas un si mauvais choix car je n’étais pas largué non plus. J’ai terminé la saison sur une Hampe, avec Jean-Pierre Malcher, mais ne me demandez pas pourquoi car je n’en ai aucun souvenir. Ça remonte à loin, tout ça !

Pour votre deuxième saison, vos résultats se sont améliorés, sans toutefois être transcendants ?
J’ai récupéré l’ancienne Martini de René Arnoux. J’avais un soutien d’UF P mais j’ai effectué la saison tout seul comme un grand, avec mon mécano. Mon frère Claude a également disputé quelques courses, sur une autre Martini (sous le pseudonyme de « Kelson », Ndlr). Pour cette première saison complète, je m’étais davantage investi. Je m’étais installé chez Jeannette à Saint-Parizele- Châtel, je louais un box à Magny-Cours et Philippe Boespflug préparait mon moteur. On travaillait, j’étais dans le coup, mais il fallait tout apprendre. Et quand j’ai vu les Arnoux, Pironi, Snobeck qui bossaient comme des fous sur leurs voitures avec de gros budgets, j’ai réalisé que je ne pourrai jamais rivaliser. A moins d’être chez Elf, il était impossible de se faire remarquer en France.

C’est alors que vous êtes parti pour l’Angleterre ?
Avec ma copine, qui est devenue ma femme, nous sommes partis en R5 pour un test en F3 organisé par Chevron. Ça s’est tout de suite bien passé puisque j’ai battu le temps de référence établi par Geoff Lees. Chevron m’a alors proposé un deal aussi intéressant qu’inattendu. Si j’achetais un châssis et un moteur, ils me fournissaient l’assistance et les pièces et j’étais basé à l’usine. Ils m’ont vraiment pris sous leur aile. J’ai trouvé là-bas une ambiance extra qui n’existait pas en France, où tout le monde se tirait dans les pattes.

Comment s’est passée votre adaptation à la F3 britannique ?
Très bien. Contrairement à ma femme, je ne parlais pas anglais mais Dave Wilson, le team-manager de Chevron, parlait français. Nous avons loué une maison près de Snetterton et j’ai disputé beaucoup de courses. Outre les championnats BP et Vandervell, j’allais courir en Europe pour toucher les primes de départ et d’arrivée, et financer ainsi les courses anglaises. Ça bataillait ferme, on était tous regroupés en une demi-seconde sur des circuits que je découvrais. Avec Lees, Needell, Warwick, Piquet, Daly, Olofsson, Johansson, on se battait comme des chiffonniers sur la piste, mais en dehors, nous formions une bande sympa. Le niveau était très élevé et la plupart sont allés jusqu’en F1. Ce fut une saison d’enfer et j’en garde un super souvenir. [...]

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