Timide, souvent inquiet, semblant peu sûr de lui, Pierre-César Baroni a pourtant été l’un des pilotes français le plus rapide des décennies 80 et 90. Sans concession, il nous raconte sa longue carrière, ses joies, ses peines et ses regrets.
Propos recueillis par Philippe Carles – Photo Christian Chiquello/Archives Echappement
Echappement Classic : Comment êtes-vous venu au sport automobile ?
Pierre-César Baroni : Il faut d’abord que je vous raconte ma jeunesse. Mes parents sont arrivés en France en 1961, bien après ma naissance. Mon père était ébéniste et il s’est installé à Vence, au-dessus de Nice. A l’école, je parlais mal le français, je n’étais pas un bon élève, et cela ne m’intéressait pas. A 14 ans, j’ai quitté le collège pour apprendre le métier d’ébéniste, chez mon père. Cela me plaisait un peu plus, mais j’avais surtout une passion pour le football. L’auto, personne ne s’y intéressait, mes parents n’avaient même pas le permis. Un jour, un copain qui jouait au foot avec moi, m’a entraîné voir son frère qui disputait une course de côte sur une R8 Gordini. J’ai été ébloui en voyant passer les monoplaces, les barquettes, et je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! J’avais quinze ans, et dès lors je n’avais plus que cela en tête. Dès que j’ai pu, j’ai passé mon permis… mais j’ai dû attendre 1973, l’année de mes vingt ans, pour débuter en compétition.
Avec quelle voiture ?
Une R8 Gordini d’occasion, que j’ai pu me payer en travaillant tout l’été dans un bon job. C’était une Groupe 2 plus toute jeune, avec laquelle je me suis entraîné pendant six mois sur les petites routes de l’arrière-pays. Mon premier rallye fut le Critérium Alpin, qui partait de Grasse, je suis sorti au bout de deux spéciales. J’étais vraiment parti à fond… J’ai alors compris que mon expérience n’était pas suffisante et qu’il était important d’aller au bout pour en emmagasiner. Trois mois plus tard, au rallye des Roses, épreuve de «doublure nationale» de l’Antibes, j’ai enfin terminé, mais très loin. A Vence, j’avais sympathisé avec Christine Dacremont, la pilote du team Aseptogyl de Bob Neyret. Elle m’a fait essayer sa Berlinette, un «mulet». Au bout de quelques kilomètres, elle m’a cédé sa place dans le baquet de gauche, et peu après, elle m’a déclaré : «Tu conduis super bien !» Je m’étais tout de suite trouvé à l’aise dans cette auto, et grâce à Christine, nous avons pu en négocier le prix avec Bob, un copain qui croyait en moi m’avançant finalement les trente mille francs nécessaires. J’ai disputé trois rallyes avec cette Alpine, terminant 8e au Jean Behra 1973. Au rallye des Mont d’Azur, je me suis étalonné face à Jean-Louis Casalengo, qui était alors la référence dans la région. Au bout de trois heures de course, j’étais à 58 secondes de lui, et j’ai pris confiance en moi. A l’Antibes, j’ai réalisé un troisième temps, devant Jean-Pierre Nicolas, mais la spéciale d’après, la voiture était hors de la route.
Comment avez-vous appris la conduite sportive ?
Je n’ai jamais pris une seule leçon de pilotage. C’est sur les petites routes au-dessus de Vence que je me suis entraîné tout seul. Mais je ne savais pas me situer avant de me frotter à quelques pros lors de ma deuxième saison de rallye. Là, j’ai vu que j’étais dans le coup, et j’étais très content.
Après la R8 Gordini et l’Alpine, vous passez à l’Alfa. Comment cela s’est fait ?
J’étais licencié à l’ASA Vence, et j’ai commencé à rencontrer pas mal de monde. Un restaurateur qui courait sur une Alfa, Luigi Gnoni, m’a proposé d’être son copilote sur son Alfa Romeo Coupé Groupe 1. Nous avons remporté pas mal de victoires de groupe, et au Monte-Carlo Junior 1975, alors réservé au Groupe 1, nous avons failli remporter la victoire et l’engagement gratuit pour le Monte-Carlo, si Christian Dorche ne nous avait pas battus, pour 23 secondes, avec sa BMW 2002 Ti. Avec Luigi, nous avons couru ensemble quatre saisons, et je garde de bons souvenirs de cette Alfa, notamment une année à l’Antibes où Fréquelin conduisait l’Alfa 2000 de la Sofar, l’équipe officielle. J’étais un moment devant lui, puis j’ai terminé troisième du Groupe 1. Désormais, je croyais en moi ! [...]
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