Après l’évocation du Trophée Visa Groupe B dans notre numéro 68, installons-nous au volant d’une autre formule de promotion : la Peugeot 309 GTI 16 soupapes Groupe N qui servit de support au Volant Peugeot en rallye et qui permit, voici un quart de siècle, l’éclosion de talents comme Christian Gazaud, Gilles Panizzi ou encore Christian Bruzi, dont nous essayons l’authentique modèle de l’époque.
Texte Lionel Robert – Photos Philippe Maitre
La charnière des années 80/90 est intéressante à observer chez Peugeot car la naissance de la Peugeot 205 GT I en 1984 (voir EC n°55) a ouvert une formidable brèche chez un constructeur peu intéressé, au départ, par les sportives. Comme des milliers de Français, j’ai connu cette période en achetant chaque nouveau modèle qui sortait. Après avoir roulé en 205 1 600 cm3 puis 1 900 cm3, j’ai possédé une 405 Mi16 noire du plus bel effet (un jour, je vous raconterai les moyennes de folie réalisées avec cette auto). Je suis passé ensuite à la 309 GT I avant d’acheter une superbe 309 GT I 16 gris clair. J’étais assez fier de posséder cette voiture, et comme je pilotais à cette époque en Championnat du monde d’Endurance, j’avais envoyé à Jean Todt (patron de Peugeot Sport) une photo où je posais en compagnie de la 309, histoire d’ajouter un petit argument supplémentaire à ma candidature au poste de pilote sur 905. D’accord, ça n’a pas fonctionné comme je l’espérais et je n’ai jamais pu prendre le volant d’une Peugeot 905, mais je voulais vous narrer l’anecdote pour mieux vous faire comprendre l’histoire qui me lie à ce modèle de la gamme Peugeot.
C’est d’ailleurs une histoire encore plus riche d’un point de vue émotionnel qui a conduit le propriétaire actuel, David Bourreil (lire encadré), à acheter cette voiture il y a trois ans. Ce modèle de juin 1990 a été initialement monté pour le Volant Peugeot, une coupe de marque dont les deux premiers remportaient un volant officiel chez le constructeur l’année d’après. En 1991, les lauréats sont Christian Gazaud et Patrick Verney : ils piloteront ensuite une Peugeot 309 GT I 16 Groupe A officielle. En 1992, Gilles Panizzi remporte le volant et Christian Bruzi termine deuxième. Tous deux gagnent ainsi le droit de piloter une 106 XSi Groupe A officielle l’année suivante. Christian Bruzi a donc acheté cette voiture pour disputer le Volant Peugeot dès 1991. La préparation course fut confiée à Enjolras, un préparateur dont on retrouve de nombreux petits détails de finition comme ce toit découpé pour passer l’arceau soudé Matter fourni par PTS (Peugeot Talbot Sport).
Rappelons que la philosophie du Groupe N consiste à optimiser une voiture qui doit rester conforme à sa fiche d’homologation, et donc très proche du modèle de série. Toute la nuance est là : pour grappiller quelques chevaux, les meilleurs préparateurs vont effectuer un classique travail d’équilibrage des pièces en mouvement, d’optimisation des volumes de chambres de combustion, des conduits d’admission et d’échappement, des arbres à cames. Toujours dans la limite de la fiche d’homologation, seul garde-fou séparant l’honnête compétiteur du concurrent qui consciemment ou inconsciemment dépasse le cadre légal du Groupe N. Une dernière source d’optimisation fait aussi son apparition avec la gestion électronique de l’alimentation et de l’allumage : l’importance de la puce électronique qui correctement mariée à la courbe de distribution peut offrir les derniers dixièmes de seconde, ceux que tous les pilotes recherchent. Cette voiture ainsi préparée serait revenue à 260 000 francs de l’époque (à comparer aux 120 000 francs de la version de base).
Quelques années plus tard, Christian Roig (prononcer Rotch) a fait l’acquisition de tout un stock de pièces dans lequel se trouvait cette 309. Il s’est occupé de la restauration et s’est appliqué à soigner le montage des accessoires d’origine sur une voiture dont il avait déjà effectué l’assistance en 1991 et 1992, à l’époque du Volant Peugeot. Après avoir débuté en course en 1986 en Samba Rallye, Christian est devenu mécanicien auto dans une entreprise tout en continuant de piloter à ses heures (vainqueur du rallye du Vallespir en 2015). Il possède aussi son propre atelier de mécanique pour lui et quelques copains, dont David Bourreil qui, à force d’insistance, a convaincu Christian de lui vendre la 309.
Au volant
Sur le parcours typé rallye de la piste d’essais du Pôle mécanique d’Alès, je m’élance pour quelques tours de reconnaissance. La voiture semble très facile à emmener, les vitesses passent bien, la direction assistée est un régal car elle permet un pilotage précis et sans effort. [...]
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