Jean-Louis Ravenel : il était une fois en Armorique

Tour-Auto-1973-Ravenel-Opel-CommodoreDans les années 70, les frères Ravenel occupaient régulièrement les pages d’Echappement. Si le cadet Jacky s’est surtout illustré en côte, son aîné Jean-Louis a fait briller les couleurs d’Opel en rallye, puis celles de Talbot et Citroën. Sans oublier ses participations aux 24 Heures du Mans et de Spa.
Propos recueillis par François Hurel – Photo Jeff Lehalle / Archives Echappement Classic

Ils étaient cinq, une fille et quatre garçons nés d’un père spécialiste du bois et musicien à ses heures. Celui-ci a su transmettre son savoir-faire puisque ses fils se sont spécialisés dans les chalets préfabriqués en bois tout en montant un groupe de jazz, dénommé les Sparks (à ne pas confondre avec le groupe américain de Ron et Russell Mael… encore une histoire de frères !). Jean-Louis aurait pu aussi devenir footballeur professionnel à Nantes, mais son intérêt pour la course a eu le dernier mot.

En 1968, il se qualifie dans le top 20 aux sélections de la Coupe Gordini, dans des conditions particulières : « Le samedi soir, on jouait au Palais Royal. Le dimanche, j’ai participé aux sélections au Mans et je suis reparti dans la foulée pour jouer dans le Finistère. » Il faudra bien faire des choix et les Ravenel sacrifieront la musique au sport automobile. Si l’aîné, Raymond, s’est contenté de donner un coup de main ponctuel, Marc s’est impliqué avec passion dans l’assistance de ses frères, son unique tentative en rallye s’étant achevée sur le toit.

La décennie Opel

Considéré comme le plus doué de la fratrie, Jean-Louis est aussi celui qui a eu la plus longue carrière, de 1968 à 1992. Après avoir obtenu une 14e place au Mans, il a vite renoncé à la Coupe Gordini au profit des rallyes de l’Ouest. « J’ai disputé le Rallye du Maine avec la R8, avant de prendre le volant de l’Alpine 1300 S. En 1970, j’ai opté pour Opel car le Trophée était intéressant et un ami concessionnaire au Mans acceptait de m’aider. Puis nous sommes passés sous la coupe du concessionnaire d’Angers. Suite à mes bons résultats avec la Kadett 1900, il a obtenu un budget de General Motors et nous avons monté l’équipe Opel-Landrau-Angers. Par ailleurs, notre cousin Raymond Ravenel était l’un des directeurs de Citroën et par son intermédiaire, j’ai pu bénéficier de pneus Michelin. Avec l’aide de BP, Ferodo et Marchal en complément, j’ai pu courir en rallye dans de bonnes conditions. Mon frère Jacky a été mon coéquipier en quelques occasions, mais ce n’était pas son métier. Au Tour de Corse, dans une spéciale d’une centaine de kilomètres, je me suis arrêté car j’étais persuadé d’avoir crevé. En fait, ce n’était pas le cas, mais Jacky n’ayant pas noté le virage où nous nous étions arrêtés, j’ai dû parcourir le restant de la spéciale à vue. »

Jacky volera de ses propres ailes à partir de 1972 (voir encadré). Entre-temps, Jean- Louis est passé en Inter en 1971, au volant d’une Commodore rachetée à Henri Greder. En parallèle, il fait préparer sa Kadett à Turin, chez Conrero : « Mon ami René Mazzia avait piloté une Alfa Conrero et m’avait conseillé d’aller le voir. Il m’a fait un moteur exceptionnel qui m’a permis de gagner beaucoup de courses. Après la Kadett 1900, je lui ai confié la 2 litres, puis l’Ascona. Chez Conrero, j’ai fait la connaissance de René Arnoux, qui était apprenti. Je l’ai revu quelques années plus tard aux 24 Heures du Mans, mais il n’a pas semblé me reconnaître. J’ai également connu Bob Wollek et Jean-Pierre Jarier quand ils étaient moniteurs de pilotage à Chamonix. On livrait des chalets en bois au circuit et la secrétaire était Marielle Goitschel. Le soir, j’ai tourné sur le circuit avec ma Kadett, qui avait un échappement libre, mais je me suis fait engueuler par Jarier car je faisais trop de bruit. A l’époque, il se déplaçait en Simca P60. »

50 victoires de groupe

Jean-Louis Ravenel revendique plusieurs titres de champion de l’Ouest, quatre succès au scratch et une cinquantaine de victoires de groupe, notamment dans les rallyes de la région (Anjou, Maine, Ouest, Touraine, Poitou, Automne, Anjou, La Baule, Jeanne d’Arc), mais aussi plus au sud (Ronde Cévenole 1973, Var 1975), sans oublier quelques succès en courses de côte. Mieux vaut se concentrer sur les événements marquants de sa carrière, comme ses participations au Tour Auto : « En 1973, il y avait du beau monde en Groupe 1 et je me battais pour la victoire. On faisait assistance commune avec Henri Greder et Marie-Claude Beaumont. A Dijon, Marie-Claude me dit : “ Ne t’inquiète pas, je connais. Tu n’as qu’à me suivre. ” Je me faufile donc dans son sillage, on était en tête et au bout de quelques tours, je la double sans difficultés. Mais aux trois-quarts de la course, mon pneu avant-gauche a éclaté et j’ai tapé le rail. Greder m’a poussé jusqu’à l’arrivée avec sa voiture avant de me dire “ A Dijon, on met toujours un pneu neuf à l’avant-gauche sur la Commodore ”. » […]

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