La 104 ZS fut l’une des premières sportives de Peugeot et un maillon essentiel de la transformation de son image lorsque ce constructeur lança la Coupe 104 ZS sur terre, l’une des toutes premières formules de promotion en rallye. Nous avons pris le volant d’une 104 ZS qui dispute aujourd’hui la Coupe glace, sur le circuit de Serre Chevalier, avec un résultat inespéré à la clé…
Texte Lionel Robert – Photos Haasefotoclassic.com
Inoubliable, cette expérience le fut pour moi : grâce à Christian Guillot, l’un des trois organisateurs de la Coupe, j’ai pu la vivre sur le circuit glace de Serre Chevalier, mi-janvier. Avec ses associés, Patrick Bouvier et Xavier Chenevas, Christian a offert au pilote essayeur d’Echappement Classic une immersion dans une épreuve de régularité sur glace. Cela m’a permis de découvrir tellement de choses nouvelles et agréables que je ne sais par où commencer. Commençons donc par celui qui m’accueille : Christian Guillot. Sa passion pour cette Peugeot 104 ZS ne tiendrait pas dans cet article tant il est motivé à défendre et valoriser « son produit ». Celle-ci remonte à un séjour à Briançon, au début des années 80, lorsqu’il découvre les 104 ZS superbement décorées sur le circuit glace de Serre Chevalier. Après avoir vécu pas mal d’expériences en tant que pilote, il achète plusieurs 104 et se met en tête de recréer sur glace la Coupe 104 ZS Terre des années 80. Pour cette première édition, c’est déjà une réussite puisque Christian et ses associés ont su rallier à leur cause dix-sept participants.
Un peu d’histoire
La Peugeot 104 ZS est officiellement lancée en 1976 avec un moteur de 1 124 cm3 développant 66 ch DIN . Rapidement, des concurrents privés engagent la petite sportive en rallye, tandis que des versions développées par l’usine sont confiées aux mains de pilotes professionnels comme Jean-Claude Lefèbvre (vainqueur de la Ronde Hivernale 1977), Timo Makinen ou Alain Coppier (2e et 3e de cette même Ronde en 1979). La promotion passe aussi par les journalistes (déjà !) que Peugeot et Esso invitent à disputer une coupe à leur nom au Tour Auto 1978. C’est un succès et Peugeot renouvelle l’opération quelques mois plus tard, en proposant le circuit glace de Serre Chevalier comme terrain de jeu à cette nouvelle Coupe des Journalistes, remportée par Jean-Pierre Malcher de l’Action Automobile (février 1979).
Fin 1979, le millésime 1980 de la 104 ZS reçoit un moteur de 1 360 cm3 offrant 72 ch DIN . Hélas, cette augmentation de cylindrée fait passer la 104 dans la classe 1 600 cm3 des rallyes, classe dans laquelle elle se trouve distancée sur asphalte face à des Golf GTI beaucoup plus puissantes. En revanche, grâce à un faible empattement conjugué au positionnement transversal de son moteur, la petite traction offre une excellente motricité sur glace ou sur terre. Peugeot décide donc de lancer en 1980 la Coupe 104 ZS sur terre, remportée par Pierre Toujan (voir EC n°47 d’août 2014). A l’époque, les formules de promotion n’étaient pas légion en rallye. Il y avait bien la coupe Autobianchi A112 Abarth, mais Peugeot fut le premier à proposer une formule de promotion sur terre. Avec cette Coupe 104 ZS, qui s’est disputée jusqu’en 1983, c’était aussi les débuts de l’image sportive donnée par ce constructeur à des petits modèles populaires (avant que n’arrive le raz-de-marée 205 GTI ). Ensuite, de la terre à la glace, c’est toujours une affaire de glisse et les meilleurs de la Coupe 104 terre se sont retrouvés l’hiver avec leurs autos habituelles histoire de continuer à batailler à coup de dixièmes de seconde (victoire de Bruno Legrand devant Defour et Carlotti en 1980).
C’est reparti !
Dans le triumvirat qui relance la Coupe 104 sur glace cette année, Christian Guillot est un passionné qui se double d’un historien. A cet effet, il impose que les modèles participants arborent l’une des teintes constructeur de l’époque et il a fait réaliser par Olivier Duverney un kit déco Peugeot-Esso à l’identique des livrées des voitures de la Coupe Terre en 1981. Vous le voyez sur les photos, cela donne du crédit à son entreprise et un très bel effet d’ensemble. D’ailleurs Christian fait rouler des 104 ZS depuis trois ans en historique ce qui lui a permis de venir en janvier 2015 à Serre Chevalier, avec un parc de quatre autos impeccablement préparées et décorées histoire de faire du teasing pour la présente Coupe 104.
Avant de pénétrer à bord de la 104, présentons le circuit de Serre Chevalier situé près de Briançon, dans les Alpes, non loin de la frontière italienne. Celui-ci a été créé en 1971 (voir encadré Claude Laurent). Il emploie trois salariés à l’année, mais l’effectif grimpe à quinze personnes de décembre à mars (il faut quinze nuits d’enneigement naturel ou artificiel pour construire le circuit, mais en réalité son homologation dépend du niveau d’enneigement du tracé qui peut être variable d’une année sur l’autre). Durant cette période hivernale, le circuit accueille plusieurs compétitions, mais aussi une activité soutenue de stages de pilotage sur glace. L’année 2017 devrait d’ailleurs marquer le retour sur le circuit du prestigieux Trophée Andros, grâce au soutien du département et du Conseil Régional présidé par Christian Estrosi, ancien pilote moto.
Vendredi après-midi, je découvre le parc des quinze Peugeot 104 (elles étaient dix-sept à la première manche, le 10 janvier), impeccablement alignées. L’organisateur de cette Coupe 104 est très attentif à la qualité de présentation comme à l’ambiance de gentlemen qui règne entre les participants. La voiture qui m’est confiée pendant le week-end porte le numéro 104 et c’est elle qui a gagné la première manche. De quoi me mettre un peu la pression. Ajoutez à cela qu’il n’y a quasiment pas d’essais libres prévus et que je n’ai pas le coéquipier indispensable, l’affaire ne se présente pas trop bien. Heureusement, je m’installe dans une voiture superbement préparée. Même si le règlement de la Coupe conserve des voitures quasiment de série (lire encadré), j’ai la chance de disposer d’un très beau modèle 80 HP avec arceau et sièges baquets. Le tableau de bord est resté celui de série et tout l’environnement du pilote respire les seventies. Autre avantage facilitant la prise en mains, point n’est besoin de mettre une combinaison de pilote ou des bottines ignifugées pour piloter confortablement. C’est plus souvent en blouson de ski et chaussures chaudes que j’ai piloté cette 104. Avec moins 9 degrés dehors, on peut le comprendre.[...]
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