Marcel Tarrès, le roi des cimes

marcel-tarresRecordman des titres en Championnat de France de la montagne avec dix couronnes, six fois deuxième derrière Yvan Muller sur les pistes enneigées du Trophée Andros (qu’il finira finalement par remporter, Marcel Tarrès est vraiment l’homme des sommets. Parti de très bas, il est arrivé tout en haut, mais a conservé une simplicité et une lucidité appréciables.
Propos recueillis par Philippe Carles – Photo Jean-Luc Taillade/Archives Echappement

Echappement Classic : D’où vient votre passion du sport automobile ?
Marcel Tarrès : Je n’en sais rien ! Je suis le seul de ma famille à avoir eu une activité dans cette branche. A Saint-Gaudens, où je suis né, j’avais quelques potes qui couraient, avant que je parte en Belgique, et c’est peut-être cela qui m’a influencé. Mais j’avais toujours été passionné par la mécanique : j’ai bricolé mes vélos, ma première Mobylette, etc. Rapidement, je me suis aperçu que j’avais des dons pour la mécanique et la conduite, mais honnêtement, je ne sais pas pourquoi je les ai eus…

Pour quelle raison, dans votre jeunesse, êtes-vous parti en Belgique ?
Je travaillais pour une société de fabrication de pâte à papier, et on m’a envoyé en déplacement, à 17 ans, dans une autre usine implantée en Belgique. Là, j’ai commencé à avoir un bon salaire. Mes parents, qui m’avaient jugé un peu « tout fou » dans ma jeunesse, m’ont émancipé de manière à ce que je gère moi-même mon argent. Plus je travaillais, plus j’en gagnais, à cette époque ! Et je pouvais avoir également des jours de libre… afin de courir. J’ai commencé en 1974 dans des épreuves régionales, avec une Cooper S, remplacée assez vite par plusieurs Alpine. Chaque fois que l’une d’elles passait entre mes mains, je l’améliorais, puis je la revendais pour en avoir une autre plus performante.

Pourquoi vous êtes-vous tourné vers la course de côte, plutôt que le rallye ?
En fait j’ai disputé quelques rallyes, le Condroz, le Rallye de Bastogne, etc., mais je me suis vite aperçu que j’allais me brûler les ailes : les rallyes coûtaient trop chers, notamment en reconnaissances. Et puis, en rallye on vise tout de suite la meilleure place au scratch, et cela coûte une fortune pour avoir les autos gagnantes ! En côte, on peut choisir la catégorie que l’on veut, en fonction de ses moyens et de ses envies, et on est récompensé selon sa performance dans la catégorie. Et j’avais aussi remarqué qu’il n’y avait pas d’équipes d’usine, ou officielles, en côte.

Quelles ont été vos premières monoplaces en côte ?
J’ai d’abord acheté une ancienne Alpine F3, du côté de Vesoul, mais elle n’avait qu’un moteur Renault. C’était insuffisant, surtout contre les Formule 5000 que conduisait Teddy Pilette dans les courses de côte belges. En 1976, j’ai remplacé le moteur Renault par un Ford 2 litres Cosworth, puis comme elle avait pris un petit peu de valeur, suite à quelques bons résultats, je l’ai changée pour une Ralt RT1. J’avais vu qu’avec cette auto, en France, Christian Debias avait « banané » tout le monde, notamment les valeurs de l’époque, les Mieusset, Maublanc, etc. Ceux-ci roulaient avec des anciennes autos de circuit qu’ils n’adaptaient pas spécialement pour la côte. Tandis qu’il était évident que la voiture de Debias était plus efficace, avec son châssis de F3 très léger et son moteur BMW F2. Nous sommes entrés en contact, j’ai adopté le même montage que lui, et je lui ai même acheté des pièces de Ralt.

Avec ces monoplaces, vous avez effectué quelques apparitions dans l’Hexagone.
Je travaillais toujours en Belgique, dans l’usine de pâte à papier où j’étais spécialisé dans le maniement des engins de manutention. Pendant mes vacances, en 1977 et 1978, je suis venu disputer quelques courses en France, afin de m’étalonner avec les meilleurs. La première année, c’était encore avec l’Alpine à moteur Cosworth, et j’ai remporté l’épreuve de Cacharat, grâce à une petite astuce de stratégie. Le parc concurrents était en haut du parcours, et j’avais remarqué que le goudron fondait et que les organisateurs avaient mis de la gravette. Alors, j’ai monté sur ma monoplace un train de pneus pluie quasi-morts, et lors de l’ultime montée, j’ai enrhumé tout le monde (rires)… J’ai alors pensé : les pilotes français, ils sont forts, mais ils ne sont pas imbattables.

A l’époque, on pensait vraiment que vous étiez belge…
Je ne disais à personne que j’étais de nationalité française, car cela me permettait de demander de grosses primes de départ. Je me présentais comme le champion de Belgique (il y a effectivement obtenu deux titres, en 1977 et 1978, Ndlr). A Dunières, en 1978, je me suis retrouvé face à Max Mamers et Christian Debias qui avaient eux-même mis à mal les vieux briscards quelques temps auparavant. Max m’a pris à part et m’a dit : « Toi, le Belge, il ne faut pas que tu viennes sur nos plates-bandes et que tu nous casses le métier. » Ils étaient jaloux de mes primes ! Début 1979, j’ai alors pris la décision de m’installer en France, où il y avait moyen de vivre de la côte, plus qu’en Belgique. [...]

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