Formé par la Coupe Gordini, Bernard Fiorentino rêvait de piloter pour Matra en Endurance, mais c’est en rallye qu’il a effectué l’essentiel de sa carrière. De 1970 à 1973, le pilote emblématique de CG-Simca a défié l’armada Alpine, avant que les circonstances ne mettent un terme à cette belle aventure.
Propos recueillis par François Hurel – Photo Jeff Lehalle/Archives Echappement
Echappement Classic : Etant né en Algérie, comment avez-vous découvert le sport automobile ?
Bernard Fiorentino : Ma famille a quitté l’Algérie en 1955, car ma mère était gravement malade. Après un passage à Toulon, nous sommes arrivés en région parisienne l’année suivante. C’est là que j’ai découvert Montlhéry, mais je ne pensais pas encore à courir. La vocation m’est venue à l’époque de Jim Clark et des frères Rodriguez, qui étaient mes idoles. Je revois encore cette Ferrari 250 GTO décollant sur la bosse de Couard, lors des 1 000 km de Paris 1962. Ricardo attaquait vraiment fort. A côté, les autres avaient l’air endormi.
N’avez-vous pas débuté par l’école Winfield de Magny-Cours ?
En effet, j’ai tenté le Volant Shell en 1964, l’année où Roby Weber a gagné. J’ai échoué aux portes de la finale, mais c’est là que j’ai rencontré Jean-Pierre Kern, l’un des finalistes. C’était un bon pilote, sans doute meilleur que moi, mais lui était persuadé de l’inverse. Il avait une concession Renault et c’est grâce à lui que j’ai pu bénéficier d’une Alpine 1300 S en 1967 et réaliser des performances qui ont attiré l’attention de Simca. Il m’a vraiment mis le pied à l’étrier.
Vous étiez davantage attiré par le circuit ?
Certainement, mais j’ai disputé mon premier rallye, le Franche-Comté 1965, comme coéquipier de Kern, sur la R8 Gordini qu’il venait de toucher. Mais je n’arrivais pas à lire les notes correctement. J’ai ensuite eu ma propre R8G, avec laquelle je courais en circuit, en côte et en rallye. J’ai disputé le rallye de l’AGACI, en région parisienne, où il y avait au départ le chanteur Christophe, et j’ai gagné le National au Flandres-Hainaut. J’avais comme coéquipiers des copains, des cousins et j’avais beaucoup de mal à rouler avec les notes. Plus tard, quand j’ai eu des coéquipiers professionnels comme Maurice Gélin, ça allait mieux.
Vous avez par ailleurs terminé 4e de la Coupe Gordini, en 1966 ?
Qu’est-ce qu’il y a eu comme rigolades ! On partait à Nogaro en convoi de sept ou huit voitures, en roulant comme des fous sur les Nationales. Ce n’était pas bien malin, mais il y avait une bonne ambiance. C’était le temps des copains : il y avait Jean-Luc Thérier, qui marchait comme un avion, et Michel Hommell, qui campait sur les circuits. Peut-être qu’on ne prenait pas ça très au sérieux, mais on a aussi beaucoup appris : la course en peloton, les réglages, les pressions de pneus. Quand nous sommes arrivés, on ne savait rien.
Votre carrière de rallyman n’a donc vraiment commencé qu’en 1967 ?
Mon père souhaitait que je renonce à la course, estimant que c’était trop aléatoire. Mais Jean-Pierre Kern croyait tellement en moi qu’il a acheté une Alpine. Nous sommes allés la chercher à Dieppe pour disputer les Routes du Nord. Je me suis rapidement adapté puisque j’ai signé le scratch dans la première spéciale devant tous les officiels Alpine. J’ai toujours été vite en action. Ensuite, le moteur a cassé à Reims. Au Lyon-Charbonnières, j’avais marché fort sur le circuit de Solitude, mais à Vaison-la-Romaine, mon accélérateur s’est coincé avant un virage serré et j’ai ouvert le train avant : encore une belle performance de perdue ! En résumé, j’ai fait une bonne saison, mais j’avais trop de problèmes techniques. Mon équipe n’était pas assez formée à la compétition.
Comment êtes-vous arrivé chez Simca ?
Ils m’ont contacté courant 1967 car ils voulaient faire des comparatifs entre leur coupé 1200 S et l’Alpine 1300 S. Je leur ai donc proposé de faire les reconnaissances des Cévennes avec une 1200 S de leur parc presse. Un soir, je suis parti dans une spéciale, seul, et l’accélérateur s’est coincé. J’ai dû viser le rocher pour éviter le précipice, mais je me suis blessé au pied, ce qui m’a empêché de disputer le Critérium avec l’Alpine. C’est un grand regret, car j’étais prêt pour un bon résultat. C’est peut-être ce qui m’a fait rater une place chez Alpine… il y avait tellement de monde qui frappait à leur porte. [...]
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