Philippe Gache est un homme éclectique et c’est aussi un gagneur. Après avoir fait ses preuves à bord d’une Porsche Groupe 4, il s’est mis en tête de réunir ses qualités de préparateur et de pilote au service d’une originale Mazda RX-7 Groupe B qu’il fait revivre avec succès.
Texte Lionel Robert – Photos Jo Lillini
La base d’essai où m’a donné rendez-vous Philippe Gache, c’est un peu le début des aventures de David Vincent, lorsque trop fatigué pour continuer sa route, il chercha un raccourci que jamais il ne trouva. Parti à 4 heures du matin de ma Sarthe natale pour aller prendre l’avion à Paris, j’ai eu moi aussi un peu de mal à trouver l’accès qui mène à la très belle spéciale de Gonfaron, au pied de Notre-Dame-des-Anges. Au moins, une fois arrivé sur les lieux de l’essai, c’était l’assurance d’une tranquillité à peine troublée par les quelques marcheurs locaux. Ce parallèle avec la série culte Les Envahisseurs n’est pas anodin car lorsque les fabricants japonais ont commencé à briller en compétition, les constructeurs du Vieux Continent se sont sentis menacés par des adversaires venus d’ailleurs. La menace était réelle et la conquête sportive passa par les retentissantes victoires de Mazda au 24 Heures de Spa (1981) puis aux 24 Heures du Mans (1991), et par les trois titres de champion du monde des rallyes de Toyota (1993, 94 et 99).
Vous lirez dans l’encadré qui lui est consacré les raisons qui ont conduit Philippe Gache à jeter son dévolu sur la Mazda RX-7. Il cherchait une voiture de rallye capable de contrer les Porsche en VHC et a trouvé en Hollande une authentique Mazda d’usine. L’une des cinq Groupe B à deux roues motrices produites par l’usine (châssis n°5). Etudiée à l’origine selon le règlement du Groupe 4, la voiture sera finalement homologuée en Groupe B au début de l’année 1984. Ce programme sportif conduit par le constructeur nippon avec de petits moyens fut rapidement cantonné (!) à des victoires en 2 roues motrices dès l’arrivée des monstrueuses Groupe B à 4 roues motrices alignées par Peugeot ou Audi. Le fait d’armes le plus spectaculaire au niveau mondial fut la 3e place d’Ingvar Carlsson au Rallye de l’Acropole 1985. Je fais ici une petite parenthèse pour nos lecteurs les plus exigeants qui vont évoquer la nécessaire homologation de 200 voitures pour avoir droit de concourir en Groupe B. C’est exact, mais il y avait à l’époque une autre possibilité d’homologation en partant de la RX-7 de série et en produisant un minimum de 20 kits destinés à la compétition. Ce que fit Mazda, même s’il se dit que seulement cinq kits Groupe B auraient été assemblés, mais ceci ne nous regarde pas et puis… il y a prescription. Avant de refermer cette parenthèse sportivo-technique, précisons qu’en rallyes VHC, les Groupe B deux roues motrices sont acceptées dans la catégorie J1 (1981 à 1985). On y retrouve notamment les R5 Turbo, les Lancia 037 ou les Nissan 240 RS.
La RX-7 « clonée »
En 2011, SMG récupère donc aux Pays-Bas une auto usagée mais complète, et fournie avec un gros stock de pièces détachées qui lui laisse entrevoir la possibilité de s’engager rapidement sur des épreuves destinées à cette voiture. Avec sa garde au sol élevée et ses suspensions souples, cette RX-7 est faite pour la terre. Philippe l’engage donc dès 2012 au Rallye du Maroc Historique (organisé par son copain Yves Loubet), mais il abandonne sur problème de pompe à eau. Un an plus tard, il est en tête de ce même rallye mais l’arbre primaire casse le dernier jour. Gache essuie d’ailleurs pas mal de déconvenues avec cette Mazda et va devoir résoudre mille petits problèmes avant de trouver la solution. Pour avoir une auto fiable et performante, il a fini par tout remettre à neuf. Tous les composants mécaniques ont ainsi été remplacés par des fabrications neuves mais, c’est important de le préciser, tout a été refait à l’identique des Mazda RX-7 d’usine. Ce soin apporté à la préparation porte rapidement ses fruits avec une belle 2e place scratch au Maroc en 2014. Que Philippe me pardonne ce jeu de mots, mais l’édition 2015 du Rallye du Maroc ne fut pas pour lui du même tonneau puisqu’il dut abandonner après une cabriole spectaculaire à plus de 150 km/h, alors qu’il avait de bonnes chances de l’emporter. La faute à un enchaînement de circonstances et à un excès de confiance qu’avoue très honnêtement le pilote.
Afin de pousser l’aventure plus loin, SMG a développé un kit Groupe B adaptable à la RX-7 de série, un peu comme le faisait à l’époque le service compétition qui gérait les voitures d’usine. Je vous recommande la lecture d’Echappement Classic n°51 (décembre 2014) dans lequel Sophie Dumont présentait en détail la naissance de ce clone. En partant d’une voiture de série dont il ne reste pratiquement plus que la caisse, SMG effectue un lourd travail de préparation où chaque détail est pris en compte. En se basant sur la voiture « historique » en sa possession, le préparateur respecte fidèlement l’authenticité de l’époque tout en fiabilisant une voiture de conception déjà très robuste. Au final, 700 à 800 heures de travail auront été nécessaires pour une voiture que SMG vend 200 000 €. Croyez-moi, en plaisir de pilotage et pour jouer la gagne en rallyes historiques, ça les vaut. Plusieurs clients se sont déjà portés acquéreurs d’une RX-7. Eric Clément ou encore Daniel Desbruères ont participé au Tour de Corse Historique avec l’assistance du team SMG. Quant à Jean-Pierre Richelmi, le talentueux rallyman propriétaire lui aussi d’une RX-7, il a accepté de prêter sa voiture à Philippe Gache et son équipier Thomas Escartefigue pour que ces derniers puissent courir en Corse, le modèle historique n’ayant pas encore été guéri de ses cinq tonneaux du Maroc. [...]
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