Porsche 911 Carrera 3L RSR 1975

porsche-911-carrera-RSR-1975Lorsque Porsche propose en 1974 la 3 litres RSR , la marque est déjà reconnue tant sur le plan des GT sportives qu’en compétition (deux victoires au Mans). Ce modèle avec moteur atmosphérique refroidi par air que j’ai essayé sur le tracé rapide de Dijon, en prologue du Grand Prix de l’Age d’Or, est intéressant dans l’histoire de Porsche car il constitue la dernière évolution d’une voiture encore dans l’esprit GT, avant que n’advienne l’ère des turbos et sa débauche de puissance.
Texte Lionel Robert – Photos Jean-Paul Weber

Les chiffres de production que nous avance Claudio Roddaro, le propriétaire de cette 911 RSR , sont éloquents : seulement 37 RSR produites en 1974 et 12 en 1975 sur les deux années de production de cette bête de course, avant qu’elle ne cède le pas à la 934 Turbo. Grâce à l’amabilité de la Scuderia Classica, j’ai pu effectuer l’essai de cette voiture et je remercie Claudio et Jean-Philippe Grand qui n’ont pas hésité un instant à me confier leur monture, la veille de la course de Dijon en CER (qu’ils terminèrent à la 3e place de la catégorie GT).

Cette Porsche 911 Carrera 3 litres RSR est l’ancienne voiture du team Tebernum, notamment championne d’Europe GT en 1975 avec Hartwig Bertrams, le propriétaire du team. La voiture fut ensuite vendue à Georg Loos (Gelo Racing Team) qui la confia aux mains expertes de Clemens Schickentanz et Howden Ganley lors des 24 Heures du Mans 1976 (toujours avec la déco bleue et blanche Tebernum), puis la 911 partit aux USA et devint la propriété de Paul Newman de 1977 à 1983. Elle restera ensuite aux Etats-Unis jusqu’en 2010 avant son retour en Europe.

Il y a six ans, Claudio l’a rachetée encore dans sa livrée rouge de l’époque Gelo, pour en refaire à l’identique la déco Tebernum qui s’était illustrée en 1975. Il évoque d’ailleurs sa mésaventure initiale : « Je venais à peine de faire l’acquisition de cette voiture que je l’engageais en course de côte. Hélas, un virage négocié avec trop d’optimisme me propulsait au fossé avec quelques dégâts pour ma toute dernière acquisition. L’affaire débutait mal. »

Six ans plus tard, la restauration de la voiture est terminée juste avant la première course du championnat CER 2015 qui se déroule en Italie, à Vallelunga. Claudio précise d’ailleurs « pour cette saison de course, j’ai installé sur la 3L RSR Tebernum un moteur 2.8L RSR Groupe 5 (réalésé à 3L) de la RSR Défense Mondiale, qui était championne de la Montagne 1973 en Groupe 4 et qui a terminé 2e au général au Tour de France de la même année. » Pour le tandem Roddaro-Grand, c’est une belle 2e place en GT qui les attend. Un baptême du feu plutôt réussi. En avril, la voiture fut engagée au Tour Auto, pilotée alternativement par Claudio (sur circuit) et Jürgen Barth (en spéciale) mais un cardan cassé dès la première épreuve doucha trop rapidement tout espoir de résultat.

Extérieurement, la voiture a une très belle allure dans sa livrée bleue et blanche Tebernum. Le propriétaire collectionneur a pensé à soigner les détails et il est fier de nous montrer les belles jantes d’origine en magnésium qui équipaient aussi les 917 du Mans. En faisant le tour de la voiture, on voit aisément les différences entre les Groupes 3 et 4 de l’époque. Sur cette Porsche Groupe 4, les extensions d’ailes arrière sont en fibre de verre tout comme les capots avant et arrière. L’imposant aileron en caoutchouc d’époque (!) rappellera aussi des souvenirs à ceux qui ont vu évoluer cette RSR dans les années 70.

Au volant
Les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’essai tout autant que le format très court (une séance d’une demi-heure) m’ont conduit à la plus rapide des introductions : « Monte et attache-toi ! » Ça tombe bien parce que cette voiture, comme beaucoup de Porsche d’ailleurs, est très abordable. Je ne parle pas de l’accessibilité de l’habitacle, c’est encore assez courant pour une GT, ni encore moins de l’accessibilité financière (sauvez-vous en courant si vous n’avez pas encore été contaminé par le virus Porsche), mais de la facilité de pilotage que cette voiture propose dès sa prise en main. J’ai l’impression que ma fille aînée pourrait la conduire sans trop de difficulté. Notez que j’ai parlé de conduire car pour la piloter, et plus encore s’approcher de la limite avec elle, il faut toute l’expérience d’un garçon comme Jean-Philippe Grand pour exploiter pleinement le potentiel de la voiture.

Pour un gentleman driver financièrement aisé et désireux de s’initier à la compétition, la 911 RSR est une voiture sportivement abordable. Beaucoup plus que les Porsche 934 ou 935 qui, avec l’adjonction d’un turbo, sont devenues plus méchantes et compliquées à maintenir sur la piste avec un niveau correct de performance. D’ailleurs, cette facilité d’utilisation et cette polyvalence s’illustrent bien par une des rares victoires de Porsche sur les routes sinueuses et bosselées du Tour de France Auto. C’était en 1976 et la 3 litres RSR de Dominique Thiry était pilotée par le talentueux Jacques Henry.

Pour en revenir à ma prise en main statique, elle fut des plus sommaires, mais la 911 se montra docile et mes premiers tours ne me posèrent aucun problème d’adaptation. Le maniement de la boîte est précis et sûr, le freinage est efficace avec, néanmoins, un léger louvoiement somme toute logique pour une auto de 960 kg. […]

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