Charles Cevert : « Dans ma cage, je me sentais sûr de moi »

cevert_charlesL’an passé, on a beaucoup évoqué – à juste titre – la mémoire de François Cevert. Ce n’est pas une raison pour oublier son jeune frère, Charles. Si sa carrière fut brève, elle n’a pas moins laissé quelques belles traces dans l’histoire de la Production.
Propos recueillis par François Hurel – Photo DPPI

Dernier d’une famille de quatre enfants, Charles Cevert a naturellement été très marqué par ses deux grands frères, Elie et surtout François, dont il était le cadet de six ans. «J’étais totalement sous influence. Pensez que quand je roulais encore à vélo, ils avaient des Norton : ils étaient de vrais aventuriers ! François avait aussi une Dyna-Panhard décapotable… pour draguer les filles. Je l’ai souvent accompagné sur les circuits. Comme je n’étais pas très bon élève, je me débrouillais pour le rejoindre sur les courses avec un copain.»

Si la famille Cevert est aisée, sa politique est de ne pas gâter les enfants. François mangera de la vache enragée à ses débuts et Charles devra attendre un travail dans la confection d’objets publicitaires pour franchir le pas, assez tardivement. «C’est en 1973 que je me suis inscrit à l’école de pilotage du Paul Ricard, où je me rendais avec Didier Pironi. Un jour, on a détruit une voiture chacun sur les routes varoises ! J’ai disputé les sélections en septembre et, juste après, François est mort (le 6 octobre à Watkins Glen, Ndlr). J’ai passé l’éponge, avant de tenter le Volant Motul Nogaro en 1974. En finale, la piste mouillée s’asséchait et, avec Gérard Bacle, on améliorait à tour de rôle. L’heure du déjeuner approchant, le jury a désigné Bacle. J’ai fini 2e du Volant, on m’a serré la main, et voilà… A l’époque, le nom de Cevert n’était pas « recommandable », la cicatrice était encore rouge vif

L’aide d’Albert Uderzo
Ce sont toutefois les bonnes relations qui vont sauver Charles. «J’avais un voisin de palier tout à fait charmant qui s’appelait Albert Uderzo et qui était passionné d’automobile. Il m’invitait à dîner chez lui en compagnie de gens extraordinaires comme René Goscinny ou Pierre Tchernia. Un jour il me demande : “ Combien ça coûte une monoplace ? ” Voilà comment je me suis retrouvé en mai 1975 l’heureux propriétaire d’une Martini Mk14, d’un break DS et d’une remorque. Ma famille ne m’aidait pas du tout, mais Jean-Claude Lhoro, qui dirigeait l’école de pilotage de Nogaro, m’a pris sous son aile. Je suis arrivé en milieu de saison sans aucune expérience. On ne voyait pas encore de pilotes de kart et il me manquait l’habitude des voitures sportives. Ma première voiture, c’était une Fiat 500 que François m’avait filée !»

Cette première saison est notamment marquée par un terrible accident à Albi : «Il pleuvait et dans le nuage du peloton, je n’ai pas vu le drapeau d’arrivée. Dans la ligne droite opposée, Jean-Louis Bousquet roulait doucement et je l’ai percuté avec violence. Nous nous sommes retrouvés tous les deux à l’hôpital. Quand Tico Martini a découvert l’état de la coque, il n’arrêtait pas de me dire : “ Mais Charles… tu n’as rien aux jambes ? ” Il ne comprenait pas que je n’aie qu’une petite entorse car les deux premiers couples étaient broyés.» Charles parvient tout de même à se mettre en valeur en terminant 7e à Rouen et 10e au Mans, ce qui lui permet d’obtenir un budget pour la saison 1976. «Grâce à Duplicolor, j’étais plus confortable, mais cette année-là, il y avait un mec qui s’appelait Alain Prost, je crois. J’ai beaucoup pleuré… » (Avec Charles, l’humour au second degré et l’autodérision ne sont jamais loin, Ndlr).

Il obtient son seul podium en monoplace en terminant 3e à Magny-Cours et s’il se classe dans le top 10 du championnat, il sent comme une ombre qui plane au dessus de son cockpit ouvert : «Je sentais que j’avais des facilités pour piloter mais je n’étais pas à l’aise dans une monoplace. François avait été décapité et avec ma grande taille, inconsciemment, je ressentais comme une chape de plomb. Lors de ma dernière course à Imola, je me posais vraiment des questions. J’étais terrorisé par l’absence de sécurité sur ce circuit.» Paradoxalement, c’est une cage (en forme d’arceau) qui va libérer Charles.[...]

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