Imaginée par Renault, l’Europa Cup était une formule monotype internationale d’un niveau très élevé. Après la R5 turbo, l’Alpine GTA V6 Turbo prenait la suite dans cette série haut de gamme sur les circuits européens. Aujourd’hui, le Coupé français revient en course grâce au GT Classic. Découverte et essai d’une revenante très excitante.
Texte Pierre Gary – Photos Philippe Maitre
Curieusement, cette Alpine ne porte pas de numéro. Coincée entre l’A 310 et le dernier modèle portant le nom de la marque de Jean Rédélé, l’A 610, la GTA se nomme officiellement Renault Alpine. Conçue et fabriquée au Berex, à Dieppe, elle porte encore en elle tous les gènes Alpine : châssis-poutre, moteur en porte-à-faux arrière, carrosserie en polyester… Et comme ses soeurs aînées, la GTA allait se transcender en compétition. Mais, cette fois, ce sera en circuit. L’Alpine GTA V6 Turbo succède à la R5 Turbo en 1985 pour animer les épreuves de l’Europa Cup : 69 versions spéciales furent construites pour cette discipline qui, richement dotée, attire d’excellent pilotes de tous pays. De plus, la plupart des manches se déroulent en ouverture de Grand Prix européens de Formule 1 sur les plus prestigieux circuits et devant tout le gratin du sport automobile. De quoi attirer et attiser les convoitises !
L’appât du point, comme celui du gain, ne manque pas de provoquer une brûlante émulation parmi les concurrents, avec pour conséquence des courses très disputées et plutôt… viriles ! La réglementation technique, très restrictive, ne permet pas grand-chose. Les versions Europa Cup sont parfaitement adaptées à la course. Mais, pour s’affranchir des problèmes de triche récurrents sur les R5 Turbo précédentes, le législateur n’impose plus de limite à la pression du turbo, désormais libre. De toute façon, c’est simple : trop de pression et le moteur fait boum ! Après quatre turbulentes saisons d’Europa Cup, les Alpine GTA V6 Turbo sont remplacées sur les pistes par un pur produit Renault, la 21 Turbo aux roues avant motrices. Un changement d’époque. Vingt-cinq ans après, la GTA Europa Cup va reprendre du service dans le cadre du GT Classic, cette nouvelle série française pour les GT homologuées jusqu’à fin 1996 (voir News p.10).
La meilleure des françaises
Alain Pierron est un pur. Il se passionne pour les marques françaises, dont évidemment Alpine, et pour la course. Il a d’ailleurs participé au dernier Volant Shell et au premier Volant Elf à Magny-Cours. Délaissant ses chères françaises, il s’est engagé en Saloon Car avec une Alfa Romeo Giulia. Il s’est également laissé bombarder président du Profil Club Alpine de Morsang-sur-Orge, plus particulièrement orienté sur les modèles à moteur V6 de la marque. Visionnaire, il s’est toujours intéressé à la GTA Europa Cup que beaucoup d’amateurs avaient délaissée, voire totalement oubliée. En 2008, Alain en trouve une dans un état très passable. Cette voiture présente pourtant deux atouts extraordinaires. Le premier est celui de posséder une carte grise régulière lui permettant de rouler sur route, ce qui explique qu’elle est équipée de phares, factices en course, et d’un klaxon du modèle civil. Le second enthousiasme encore plus Alain : il s’agit d’une authentique Europa Cup préparée par Patrick Legeay, LE spécialiste du modèle, et précisément celle que Joël Gouhier, le meilleur pilote français de la discipline, a pilotée de 1985 à 1988. L’Alpine, aux couleurs FAT International, était à l’époque engagée par Olivier Lamirault, le patron de Renault Chartres.
Alain Pierron refait l’auto à neuf, en conservant pourtant pieusement tout ce qui peut être sauvé, comme la peinture rouge du toit et tous les éléments spécifiques. Heureusement, contrairement aux A 310 précédentes, le châssis poutre de la GTA ne rouille pas, il est donc gardé avec tous ses renforts d’époque. Alain a poussé jusqu’à faire réaliser, par Arnaud Barafle de BGP à Créteil, tous les autocollants. Et le numéro 10 collé sur les portières correspond à la dernière course disputée par la voiture, en septembre 1988 à Estoril. Seule entorse, les jantes ne sont plus les fameuses Gotti de 15 pouces dont les ailettes destinées à extraire l’air chaud des freins étaient spécifiques pour chaque côté, droit ou gauche, de la voiture, mais des 16 pouces provenant d’une A 610. « On ne trouve de bons pneus qu’en 16 pouces » s’excuse Alain… En revanche, ce dernier reste intransigeant sur le respect des spécifications mécaniques : « La plupart des propriétaires actuels de GTA ont monté des moteurs 3 litres. Moi, je tiens à conserver le 2,5 d’origine. Je ne veux pas que ma voiture marche mieux qu’avant, je veux juste qu’elle soit comme à l’époque », explique- il, très puriste.[...]
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