C’était un oubli de l’histoire, pour ne pas dire une injustice : au cours de sa longue et riche carrière, Jean Ragnotti n’avait jamais réussi à inscrire son nom au palmarès du Critérium des Cévennes. le rallye VHC de cette année lui a offert l’occasion de combler cette lacune sous les vivats d’un public trop heureux de le retrouver.
Texte Jacques Furet – photo DPPI
Le podium d’arrivée du Critérium des Cévennes ne profite plus aujourd’hui du décor historique de la place de la Comédie, mais d’un quartier de Montpellier autrement plus artificiel, quasiment en trompe-l’oeil. Qu’importe, on s’y congratule toujours avec la même ferveur de retour du massif cévenol. Le simple bonheur de le gravir demeure pour beaucoup l’aboutissement d’une année. Et si la manoeuvre s’accompagne des éclats de la victoire, l’instant n’en devient que plus précieux. Jean Ragnotti peut en témoigner. « Cette fois, c’est fait. Mon quatorzième Critérium des Cévennes a été le bon. VHC ou pas, une victoire est une victoire ! »
En ce soir d’arrivée, tiraillé entre ses innombrables fans et leurs sollicitations, le lauréat du rallye historique de doublure a pris le temps de faire ses comptes. En cela, nous l’avions quelque peu aidé la veille du départ en lui rappelant ses états de service sur le Critérium. Ses treize participations – et non dix comme il le pensait ! – échelonnées sur vingt-sept ans et, hélas aussi, son palmarès étonnamment vierge de toute victoire au général. Une véritable injustice que l’acrobate Jeannot est venu effacer cet automne d’un travers de Berlinette. Enfin, de… quelques travers.
Les retrouvailles des recos
Retour quarante-huit heures plus tôt. Le plus sérieusement du monde, Jean Ragnotti vient de s’acquitter de ses deux journées de recos réglementaires avec son copilote, et propriétaire de l’Alpine, Francis Mercier. Et, à l’évidence, il est toujours en pays de connaissance dans les Cévennes… « J’ai beau ne pas être venu ici depuis longtemps, les routes n’ont pas changé. Il y a toujours autant de virages ! Les mêmes qu’en Corse, mais souvent en plus étroit. Heureusement, j’en connais encore au moins un sur deux, en sourit l’intéressé. Les gens du coin ne semblent pas m’avoir oublié non plus… Au bord de la route, on a même pris le temps de boire un coup avec les chasseurs. » Quant aux autres pilotes… « A priori, ils sont heureux de me voir. Beaucoup de jeunes des formules de promotion sont même venus me faire dédicacer leur carnet de reconnaissances ! »
Pour être exact, Jean Ragnotti n’était pas revenu sur le Critérium des Cévennes depuis 2003. Une année où la firme au losange lui avait demandé de « promener » quelques invités sur le parcours. En course, sa dernière participation remontait à l’édition 1996, il y a dix-sept ans déjà… « En fait, sans que je le sache sur le moment, cela a été ma dernière course comme pilote professionnel. J’avais prévu de mettre un terme à ma carrière peu après, à l’arrivée du Rallye du Var. Une petite fête était même organisée pour célébrer l’événement et, finalement, la grève des routiers a provoqué l’annulation du rallye. »
Ce petit rappel effectué, en ce jeudi de vérifications techniques, le Jean Ragnotti de 2013 ne verse aucunement dans la nostalgie. « Je prend la vie comme elle vient. Au présent, en étant quelqu’un de très fataliste. Durant ma carrière, même mes pires abandons ne m’ont jamais attristé plus de cinq minutes… » Alors, évidemment, ce n’est pas son absence de victoires aux Cévennes qui aurait été de nature à le faire sombrer dans la déprime. D’autant que notre retraité de choc l’explique parfaitement. « C’est simple, je n’ai jamais eu exactement l’auto qu’il fallait pour viser la victoire, notamment à l’époque de la Clio quand je me retrouvais face à des Delta ou des Sierra 4×4. » [...]
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