Préfigurant la domination des McLaren en Can-Am, la M1B est une auto paradoxale. Elle joue du muscle grâce à sa mécanique américaine démesurée mais sa robe, restée fine, a été dessinée par un artiste. Une diva aux épaules d’haltérophile dont l’histoire n’a rien de tranquille. Et l’essayer provoque des montées d’adrénaline… Moteur !
Texte Pierre Gary – Photos Philippe Maitre
Marc Hévia traque les engins hors normes. Avant-hier, c’est-à-dire il y a une vingtaine d’années, il me faisait essayer de curieux insectes d’avant-guerre, une Alvis et une Jaguar SS 1100 très spéciales et totalement caractérielles si mes souvenirs sont bons. Hier, il s’offrait une Chevrolet Camaro à la sauce Saloon Cars genre paquet de dynamite et, aujourd’hui, il roule dans les séries CER et Masters avec cette McLaren M1B, une barquette conçue pour le Néo-Zélandais Bruce McLaren qui voulait mettre la main sur la Can-Am, un nouveau championnat organisé entre Canadiens et Américains dont l’intérêt initial était une généreuse dotation en dollars !
Sa barquette Groupe 7 porte la plaque 30-04, une référence qui permet de dérouler un impressionnant curriculum vitæ (voir encadré). L’auto a en effet disputé un nombre impressionnant d’épreuves en Amérique, avec différents pilotes, des fortunes variées et des moteurs très différents, avant que notre enthousiaste Français lui fasse traverser l’Atlantique. Arrivée dans l’Hexagone, la McLaren a été examinée, testée… et mise au niveau des exigences de la course européennes !
Aux petits oignons
La McLaren M1B « 30-04 » avait été restaurée « à l’américaine ». C’est-à-dire qu’elle présentait bien, à la limite du clinquant, mais sur la piste, elle était quasiment inconduisible, voire même dangereuse. Marc Hévia avait bien étudié la voiture. Il savait que ce comportement n’avait rien de normal : « la M1B possède un excellent châssis tubulaire dessiné par Robin Herd. Lorsque Bruce McLaren et Chris Amon, lui aussi Néo-Zélandais, disputaient la première saison Can-Am, en 1966, ils rivalisaient en vitesse pure avec les meilleures Lola T70 spider, dont celle de John Surtees qui devait être titrée. Mais les moteurs Oldsmobile-Traco qu’ils utilisaient n’étaient pas fiables, ils les prenaient presque systématiquement dans la gueule à chaque course. Dès qu’ils sont passés au V8 Chevrolet, Surtees s’est retrouvé derrière. Sachant cela, il semblait évident qu’avec un peu de travail, on pouvait rendre ma McLaren supérieure aux meilleures Lola T70 Spider, tout en la mettant aux spécifications de 1967. »
Marc confie alors l’auto au « Renard Bleu », l’atelier de Nicolas Maurel que vous avez découvert dans nos pages il y a un mois. Nicolas effectue une réelle expertise technique et en tire un bilan : « Lorsque la voiture est arrivée, il y avait une belle peinture mais les dessous posaient problème. Il y avait un gros souci de variation de géométrie sur le train avant et, à l’arrière, les roues passaient en carrossage positif au freinage. Tête-à-queue immédiat et inévitable ! Nous avons dû entièrement refaire les épures et déterminer la hauteur de crémaillère. Nous avons aussi trouvé sur la voiture des freins à disques ventilés avec des étriers à quatre pistons. Il a fallu les remettre en adéquation avec les spécifications de 1967, en remontant de petits étriers Girling à deux pistons pinçant des disques pleins. De la même façon, le moteur 7 litres n’était pas conforme. Nous l’avons remplacé par un 5,7 litres « small block » permettant de rouler en CER et en Masters. » [...]
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