Guy Ligier : « ma vie de pilote »

guy-ligierConstructeur depuis 1969, revenu sur le devant de la scène grâce à Jacques Nicolet, Guy Ligier a d’abord connu une première vie en tant que pilote. Il revient pour nous sur cette période faite de bonheurs et de drames et sur ses débuts de constructeur.
Propos recueillis par François Hurel – Photos DPPI

Echappement Classic : Comment êtes-vous arrivé au sport automobile ?
Guy Ligier : Au départ, j’avais une passion pour la moto. J’en ai fait pendant cinq ans et je suis devenu champion de France 500 cc. A partir de là, je commençais à prendre de l’âge et je suis passé à l’auto. Ma première voiture était une Formule Junior, en 1960. Puis j’ai arrêté pendant deux ans avant de reprendre sur une Porsche, en 1963. L’année suivante, j’ai fait Le Mans pour la première fois et on a gagné la catégorie avec la Porsche 904 (associé à Robert Buchet, Ndlr). Puis je suis passé à la F2 et je suis entré chez Ford France.

Comment étiez-vous organisé en tant que pilote indépendant ?
Je m’étais organisé (sic), aidé par des amis pour l’entretien. L’époque était très différente d’aujourd’hui, c’était moins compliqué. C’était très dur, mais techniquement plus facile.

Comment avez-vous rencontré Jo Schlesser ?
On disputait des courses ensemble. Lui était chez Ford et il m’a aidé à y entrer. J’y suis resté cinq ans.

Comment cela se passait-il chez Ford France ? Etiez-vous dans les conditions d’un pro ?
Oui, j’étais traité comme un pilote d’usine. Pour gagner le championnat de France, il fallait courir aussi bien en circuit qu’en côte ou en rallye, avec la Ford GT40 : elle était aussi large que la Cobra mais on y voyait plus clair. Avec la Cobra, j’ai participé au Tour de Corse. Ce n’était pas facile car c’était un vrai dragster et elle était aussi large que la route. Avec Jo, on a couru Le Mans avec la Mk2 et on a gagné les 12 Heures de Reims. C’était une belle épreuve : il y avait du champagne !

Vous avez aussi disputé le Grand Prix du Mugello avec la Mk2 ?
Comment vous savez-ça ?! Ah, le Mugello, c’était un drôle de truc ! Un circuit de 45 km extrêmement difficile, sur une route très étroite (le circuit actuel n’a été construit que dans les années 70, Ndlr). Il faisait 80 degrés dans la voiture, au point que les bouteilles d’eau qu’on emmenait éclataient. C’était plus dur que la Targa Florio, une belle épreuve aussi. Quand on entrait dans les villages, il fallait ralentir car ça glissait beaucoup. Il n’y avait pas de sécurité.

Comment avez-vous fait pour débuter en F1, en 1966 ?
J’ai embauché un mécano et Maserati m’a fait un moteur pour ma Cooper. A Monaco, j’ai pris un point après avoir changé un cardan car nous n’étions que 6 à l’arrivée (en réalité, ce point n’a pas été comptabilisé, Guy n’ayant pas été classé, Ndlr). Puis je suis sorti au Grand Prix d’Allemagne, sur le Nürburgring. J’ai eu 42 fractures, la jambe droite, les côtes, les cervicales. J’ai fait six mois d’hôpital et ma voiture était morte. L’année suivante, j’ai passé un deal avec Jack Brabham et j’ai conduit la Repco, mais elle perdait son huile. J’ai stoppé en fin de saison car je suis ressorti et je n’avançais plus. Je n’allais pas chercher la seconde qui manquait. C’est l’âge ! [...]

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