« On attendait un adjudant, nous avons reçu un général » : tel fut le sentiment des mécaniciens après la nomination en 1971, à la tête du service compétition de Citroën, de Marlène Cotton. Toujours élégante et passionnée, celle-ci a volontiers évoqué, pour Echappement Classic, ses souvenirs…
Texte Philippe Carles – photo : Archives Echappement
Si les femmes ont été peu nombreuses à devenir pilote de haut niveau, encore plus rarissimes sont celles ayant occupé une fonction de direction dans le milieu de la compétition automobile. Au XXIe siècle, le cas n’est plus exceptionnel, mais dans les années 60 du siècle précédent, cela tenait quasiment du prodige. Lorsque Marlène Cotton a pris la direction du Service Compétition de Citroën après le décès de son mari, France-Soir, alors le plus grand quotidien de l’Hexagone, n’avait pas hésité à tracer son portrait en « une » ! Des coupures de journaux soigneusement conservées et qu’elle nous a gentiment montrées, affichant ainsi une certaine fierté à s’être immiscée dans un milieu réputé très machiste…
Mais, au fait, comment est-elle arrivée dans ce monde de la compétition ? « Avant de rencontrer René Cotton, j’aimais déjà l’automobile. Mes parents possédaient une Traction. J’avais un ami qui préparait des autos de course, et je suivais assidûment les compétitions auxquelles elles participaient. J’ai ainsi assisté au Tour de France Automobile 1960, où cet ami m’a présenté, lors de la distribution des prix à Biarritz, à René Cotton. Celui-ci a ensuite voulu me revoir, et il m’a proposé de préparer avec lui le Tour de Corse. Cela m’a plu, j’étais désormais accro aux rallyes, même si je n’ai jamais couru moi-même. De fil en aiguille, je suis devenue son adjointe, puis son épouse en 1962. J’aimais bien préparer les notes de parcours, organiser la logistique, et sur le terrain, m’occuper des pilotes, les chouchouter, etc. »
René Cotton, qui dirigeait alors l’Ecurie-Paris-Ile-de-France, avait enregistré quelques succès avec les Citroën qu’il engageait, notamment lors du Rallye Monte-Carlo 1959 remporté par l’ID 19 de l’équipage Coltelloni-Alexandre-Desrosiers. A l’orée des années 60, la marque aux chevrons était de plus en plus représentée en compétition par René Cotton, avant de se décider, en 1965, d’officialiser sa présence en rallye. C’est au Safari du Kenya que les DS furent, pour la première fois, engagées directement par l’usine. Lorsque le premier Service Compétition de Citroën fut créé, René Cotton en prit naturellement la direction.
Pendant plus d’une décennie, de nombreux pilotes, comme Paul Coltelloni (champion d’Europe des rallyes 1959), René Trautmann, Guy Verrier, Jean-Claude Ogier, Claudine Bouchet et Lucette Pointet, ainsi que les Belges Olivier Gendebien et Lucien Bianchi, le Finlandais Pauli Toivonen, etc, vont ainsi courir sous la houlette du couple Cotton. « Lorsque René a quitté son écurie pour entrer chez Citroën en 1963, j’ai continué, bien sûr, à être son assistante. C’était l’époque des grands rallyes intercontinentaux, avec notamment le Londres-Sydney (en 1968) ou le Wembley-Mexico (en 1970). » […]
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