Souvent galvaudée, l’expression « échouer aux portes de la F1 » est pleinement adaptée dans le cas de Richard Dallest. Vainqueur du Grand Prix de Pau 1980, sur l’AGS du regretté Henri Julien, l’ex-Pilote Elf s’était vu promettre un essai par Colin Chapman. Mais le sort est parfois coquin…
Texte François Hurel – Photos Archives Echappement
Richard Dallest n’est pas un Marseillais comme les autres : il déteste le football ! Sa famille était dans le vêtement, mais aussi loin que remonte sa mémoire, il a toujours adoré les voitures : « Je jouais avec mes Dinky Toys et vers 10 ans, j’ai assisté à mes premières courses de côte avec un cousin. Vers 13-14 ans, mon père m’a fait conduire sa 404 de Marseille à Ceyreste, à fond la caisse ! Gérard Bacle était à l’arrière : on était voisins et on a vraiment commencé à se fréquenter quand nous sommes devenus vendeurs de voitures. J’ai eu mon permis en mars 1969 et mes parents m’ont acheté une 2 CV, avec laquelle j’ai eu un accident une semaine après : j’ai pas mal morflé ! J’ai eu cinq ou six accidents graves sur la route et beaucoup de chance de ne pas y passer. Après la 2 CV, j’ai eu une Simca 1000, que j’ai préparée : le soir, avec Gérard, nous allions nous amuser à la Sainte-Baume ou au circuit de la Malle. Je l’ai pliée et j’ai fini par acheter une Rallye 1, avec laquelle j’ai débuté au Mont-Ventoux en 1972, où j’ai remporté ma classe. J’ai dû faire une dizaine de côtes cette année-là. »
A ce stade, Richard ne s’intéresse pas encore à la monoplace et n’a jamais regardé un Grand Prix. C’est d’ailleurs dans l’idée de faire de la côte et du rallye qu’il achète une Rallye 2 durant l’hiver 73. Le circuit l’a pourtant titillé après avoir disputé une course au Paul Ricard et quand l’ami Gérard s’inscrit au Pilote Elf, il va assister à ses stages. « Un jour, mon père m’a fait une surprise en m’inscrivant à l’école… sur les conseils de Gérard. Et j’ai gagné le volant en battant notamment Jean-Louis Iperti, un kartman de haut niveau, et Bruno Saby. J’ai été le troisième Pilote Elf après Tambay et Pironi. » Après avoir revendu la Rallye 2, sans avoir couru avec, notre Marseillais va s’installer à Magny- Cours en compagnie de Didier Pironi, afin de disputer le Challenge Européen de Formule Renault. « Je vivais dans la maison de Didier, avec qui je partageais le loyer. Nous sommes devenus amis et nous le sommes restés jusqu’à sa mort. On avait quatre mécanos, un super camion Elf, on s’entendait à merveille, mais Didier gérait tout. Il avait des moyens supérieurs et n’était pas là pour me faire des cadeaux. Moi, au début, je ressentais bien ce qui se passait dans la voiture, mais je ne savais pas quoi dire ni quoi faire pour améliorer la mise au point. »
Image méridionale
Question coup de volant, en revanche, tout va bien, car dès la première course au Castellet, Richard signe la pole position devant son chef de file ! Et c’est là que les difficultés ont commencé. « Avant la course, François Guiter et Jean-Marie Dumazer, de Elf, sont venus me voir en me disant : “ Richard, c’est bien, vous allez vite, mais cette année, c’est Didier qui doit gagner. Vous serez gentil de le laisser passer. L’année prochaine, ce sera votre tour. “ On m’avait dit clairement que je n’étais pas là pour gagner ! Je suis rentré chez mon père fou de rage, je voulais tout arrêter ! Mon père et mes amis m’ont calmé et le lendemain, ai levé le pied au premier passage à Méjanes pour laisser passer Didier. Du coup, trois ou quatre autres en ont profité. » Quatrième de cette première course, Richard obtient ses premiers podiums (2e à Nivelles et à Charade) avant de s’imposer à Monza. « On m’avait dit de rester 2e à l’entrée de la Parabolique pour bénéficier de l’aspiration. Dans le dernier tour, je suis bien sorti de la chicane précédente derrière Langlois, je l’ai doublé avant la Parabolique et j’ai gardé l’avantage. Je n’ai pas écouté les conseils et j’ai gagné ! »
Au bilan de cette saison 1974, qui voit Pironi s’imposer comme prévu, Richard n’a pas démérité puisqu’il termine meilleur débutant, au 4e rang. Surtout, sa constance et sa sûreté lui valent d’avoir terminé 18 courses sur 20 dans les points, seules Rouen et la finale de Montjuich ayant échappé à ce score. Avec le recul, il porte pourtant un regard sans complaisance sur son début de carrière : « Je ne savais pas trop quels gens il fallait fréquenter. Je pensais qu’aller vite suffisait, je n’avais rien compris au film : J’avais de très bonnes relations avec les autres pilotes et avec les journalistes, mais je n’ai pas su y faire avec les sponsors. » [...]
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le n°41 en vente en ligne sur hommell-magazines.com.