Alfa Romeo Sprint GT « Challenge »

Elargi, surbaissé, bodybuildé et musclé avec un moteur Twin Spark, notre coupé Bertone était en1966 un GT Junior. Aujourd’hui, Antoine Lanni joue à son volant avec les 220 chevaux d’une mécanique ultra préparée dans le cadre très libéral de l’Alfa Romeo Challenge. En slicks sur la piste détrempée du circuit de Bresse, j’ai découvert la bête…
Texte : Pierre Gary

Lorsque Jean-Pierre Chatillon, collaborateur à Echappement depuis la nuit des temps et passionné de belles mécaniques, m’a envoyé la photo du coupé Bertone avec lequel son garagiste de voisin se «commet» dans les courses très iconoclastes – aux yeux des puristes – de l’Alfa Romeo Challenge, je n’en croyais pas mes yeux. Superbe dans sa robe bleue deux tons, l’Alfa me surprenait par son aspect ramassé du genre «prêt à mordre» alors que les deux ou trois caractéristiques dévoilées avaient de quoi m’impressionner. Mon expérience en matière de coupé Bertone me susurrait qu’il y avait du pas ordinaire là-dessous. Petit coup de fil à Jean-Pierre, qui fonce poser la question à son voisin : «Pas de problème pour un essai. Seul ennui, nous rentrons d’Hockenheim où nous avons cassé la boîte de course à rapports rapprochés. Pour l’essai, j’en monterai une d’origine pendant le week-end. C’est dommage, mais la voiture roulera…»

L’enthousiasme et la gentillesse d’Antoine Lanni, que je n’ai jamais vu puisqu’il n’a pas eu le temps d’accompagner sa voiture lors de l’essai, se révèlent vraiment formidables ! Le jour J, à l’heure H, le camion mené par Jean, le frère d’Antoine, tractant la remorque sur laquelle trône l’Alfa bleue, débarque sur le circuit de Bresse. Evidemment, il pleut, la piste est détrempée et les belle jantes de l’italienne sont chaussées de superbes enveloppes Avon, des slicks absolus, purs et durs, sans le moindre relief, pour évacuer l’eau des innombrables coulées qui sillonnent l’asphalte. Aquaplaning voire ski nautique garanti ! Bon, pas le temps de philosopher, il faut descendre la voiture pour la séance de photos statiques avant de prendre la piste.

Un vrai proto !
L’aspect de la voiture ne donne qu’une idée très partielle de sa préparation. Antoine Lanni m’avait déjà confié quelques notions de base au téléphone, mais rien de très précis sinon qu’on s’éloignait vraiment de l’Alfa 1300 Junior de base ! Le frère Jean me conseille d’appeler l’ancien propriétaire qui, lui, connaît tout. Par chance, il s’agit de Bruno Manfredini, un vieux copain de l’époque de l’écurie des Chevaux de feu. Bruno a disputé deux saisons avec ce coupé Bertone, avant de le céder à Antoine Lanni. L’auto a été préparée par Alfaholics, le spécialiste anglais de la marque. La famille Banks, Richard, le père, Andrew et Maxim, les fils, ont fait de cette voiture l’une des pièces maîtresse de leur vitrine tant elle est aboutie ! Ils ont exploité à fond les libertés de l’Alfa Romeo Challenge dont les seules contraintes consistent, en gros, à conserver la forme et la structure, à utiliser des pièces de la marque et à respecter un barême de poids… Les Banks s’en sont donné à coeur joie avec notre auto !

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