Mariane Hoepfner, l’aventurière sage

Mariane HoepfnerCe petit bout de femme était capable de traverser dans les deux sens le Sahara en 504 Peugeot, puis de rentrer tranquillement chez elle, planter ses tomates. Rencontre avec une pilote attachante, qui, dans les années 70 et 80, a conduit toutes sortes de voitures et couru aux quatre coins de la planète.
Propos recueillis par Philippe Carles

Echappement Classic : Comment vous est venue la passion du sport automobile ?
Mariane Hoepfner : Avant le sport automobile, j’étais d’abord une fille intéressée par la mécanique. J’ai été élevée en Côte d’Ivoire, où mon père était médecin. Il y avait à la maison un groupe électrogène, et avec mes frères, nous étions très intéressés par tout ce qui avait un moteur. On ne jetait rien, on réparait ce qui était cassé. Très tôt donc, j’ai aimé mettre les mains dans le cambouis. Puis lorsque j’étais jeune fille, nous nous sommes installés en Alsace. J’ai rencontré des gars qui s’intéressaient aux autos, dans un bistrot dont les murs étaient couverts de plaques de rallyes. Je me souviens d’être allée avec eux voir passer un grand rallye, je pense que c’était le rallye des Tulipes (Ndlr : épreuve alors importante du championnat d’Europe, qui partait des Pays- Bas et descendait jusqu’en Italie, via les Vosges). Le bruit des autos, l’ambiance, ce fut une réelle découverte et cela m’a tout de suite plu. Puis j’ai rencontré Jean-Paul Hoepfner, avec qui je me suis mariée et qui est le père de mes deux fils, Eric et Jean. Jean-Paul était passionné, il courait déjà, et c’est lui qui m’a poussée à me mettre au volant en course, alors que je n’avais pas, a priori, l’esprit de compétition.

Sur quelle voiture avez-vous débuté ?
D’abord, avec une R8 normale. Nous avons fait des reconnaissances ensemble, cela m’a bien plu. Et lorsque j’ai pris le volant, j’ai réalisé des chronos pas mauvais. J’ai pas mal couru en coéquipière de Jean- Paul, et j’ai participé à de nombreuses courses de côte dans notre région, en Alsace, avec sa R8 Gordini Groupe 2, puis avec une Alpine 1300. Mais il n’y avait pas que cela dans ma vie, j’avais également d’autres centres d’intérêt.

Vous n’envisagiez pas de faire carrière dans le sport automobile ?
Pas du tout. C’est Jean-Paul qui m’a inscrite à mon premier Paris-Saint-Raphaël Féminin. Et puis, comme cela marchait bien, on s’est pris au jeu d’aller courir de plus en plus loin, pour marquer des points au championnat de France des rallyes. Le grand déclic, c’est lorsque Bob Neyret, qui montait son écurie « de filles », m’a contactée pour courir avec lui. Ma première réaction a été de dire non. J’aimais bien cuisiner, coudre, faire mon jardin. Cela me perturbait de me diviser, d’être très souvent éloignée de mes enfants, de rater les récoltes de fruits et légumes (rires…). Là encore, c’est Jean-Paul qui m’a poussée, et finalement je ne le regrette pas car ce que j’ai fait pendant vingt ans fut extraordinaire.

Grâce à Bob Neyret, vous avez pu conduire toutes sortes de voitures, des Alpine, des Stratos, des Fiat à alcool, des camions…
Effectivement, grâce à lui, j’ai découvert pratiquement tous les types d’autos de compétition, même la monoplace. Mon premier rallye pour l’écurie Aseptogyl fut le Tour Auto 1972, avec Evelyne Vanoni. Puis, pendant deux ans, j’ai alterné les rallyes avec des Alpine et des courses de côte avec une monoplace Alpine ex-Andruet, une Formule Libre à moteur 1800. Cela m’a marquée : dans une monoplace, c’est fascinant, on fait corps avec le châssis, on est seule, isolée, pas comme un équipage en rallye. Cette monoplace était super maniable, presque autant qu’une Berlinette. La Berlinette était une auto que j’aimais bien, beaucoup plus que l’A 310 avec laquelle, au début, je ne me suis pas sentie à l’aise. Un peu plus tard, j’ai découvert la Stratos : c’était une auto « d’extraterrestre », que j’ai adorée. Du temps d’Alpine, j’avais de bonnes relations avec tous les mécanos de Dieppe. Bob rachetait des autos à l’équipe officielle, mais elles étaient encore entretenues par l’usine. Je me suis aussi bien entendue avec Jacques Cheinisse, c’était un homme qui semblait froid en apparence, en fait il avait un grand sens de la vie et des relations humaines. [...]

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