Recordman des victoires aux Cévennes et à l’Antibes, vainqueur du Tour de Corse 1987, Bernard Béguin – toujours tiré à quatre épingles – est, au sens propre comme au figuré, un «grand monsieur » du sport automobile hexagonal.
Propos recueillis par Philippe Carles – Photo C.Chiquello/Archives Echappement
Echappement Classic : D’où vous est venue la passion du sport automobile ?
Bernard Béguin : Mes parents habitaient au pied de la Chartreuse, à Grenoble, et avec mon père nous allions voir le Monte-Carlo, le Lyon-Charbonnières, le Neige et Glace. Quand j’étais jeune, je n’avais pas d’argent pour courir. Lorsque j’étais étudiant à l’Ecole Supérieure de Commerce de Lyon, j’ai rencontré quelques passionnés, René Charmasson, le frère de Marie-Claude Beaumont, et J. L. Dreyfus, qui avait déjà été copilote de Pierre Maublanc et de Georges Benoît. Je me suis retrouvé à sa place, à 21 ans, dans le baquet de droite de Georges Benoît. Je m’étais déjà un peu entraîné avec ma «Coccinelle » personnelle, et lors des rallyes que j’ai disputés avec Georges, je trouvais qu’il freinait trop tôt ! Je pensais donc que je n’étais pas si mauvais que cela. A la fin de mes études, et après le service militaire, je me suis inscrit à l’école de pilotage de Magny-Cours pour remporter le Volant Shell.
On était loin du rallye ?
Oui, mais à l’époque, c’était la seule façon de mettre le pied à l’étrier, il n’existait pas de formule de promotion en rallye. Bref, après les sessions de cours, je me retrouve qualifié pour la finale du Volant, mais j’étais loin d’être favori, face à des gars comme Marc Sourd, lui aussi finaliste. Lors du tirage au sort, j’ai choisi de partir en dernier de la finale… et je la gagne. Mon père m’avait un peu aidé pour les cours, mais il ne pensait jamais que je l’emporterais. Il désirait qu’après l’école de commerce, j’intègre la société familiale… Mais je n’en ai jamais pris le chemin !
Comment se sont passé ces débuts en circuit ?
A l’époque, on n’intégrait pas une structure, on devait s’organiser tout seul. Shell nous donnait une monoplace, une Martini bien entendu, ainsi qu’un tout petit budget pour les frais. J’ai donc loué une grange et une petite maison à Sainte-Parize, près de Magny- Cours. Avec les autres jeunes pilotes, on se retrouvait tous les jours pour déjeuner chez la fameuse « Jeannette ». Pour les courses, je partais avec ma R16 personnelle, la monoplace sur la remorque et un mécanicien que je devais payer sur mes deniers. Pour ma première épreuve de F3, à Nogaro, j’étais content, j’avais fini 5e. Bien qu’ayant disputé peu de courses, à la fin de l’année j’ai été désigné « Super Volant Shell », de quoi disposer de plus gros moyens pour une saison complète de F3. En 1973, j’ai réussi quelques perfs, comme une première ligne à Monaco, une pole à Brands Hatch. J’ai mené une course au Nürburgring, mais je suis sorti sur du crachin. Jacques Laffite, qui me suivait, a reconnu que s’il avait été en tête, c’est lui qui serait sorti. […]
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